Moussa n'Co

To Live Karma and Laws of the PerceptionUn récit/album du carnet de voyage :
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La vie commence toujours par une rencontre. Je marche dans la rue principale de Paragandj à Delhi. Les rickshow se retournent un à un sur moi et les commercants pour me juger client ou non. Je marche, c'est tout pour le moment. Le sourire me vient sans raison, juste pour partager mon bien être.
C'est le debut de l'hiver, le brouillard couvre le ciel bleu poussiéreux. Les premiers de la bande à m'interpeler sont deux jeunes d'une trentaine d’années au plus. L'un les cheveux longs, il me fait penser plutôt à un espagnole, l'autre le crane rasé et une capuche, Shekil. Lui est marrant, il a un regard un peu fou, son rire le renforce.
Ils me proposent plusieurs produits que je refuse tout en discutant de ce que je fais ici et pour combien de temps, qui suis-je ? Puis juste un petit "chay", pourquoi pas ? Nous entrons dans une petite boutique au coin d'une ruelle. Il y a deux touristes déjà installés sur le tapis en face d'un présentoir à bijoux derrière lequel me tendent la main deux autres indiens. L'un d'eux doit avoir une quarantaine d’années, les cheveux longs, un regard tranquil et un visage rassurant. On dirait un hippie passé à l'âge adulte, cool. L'autre, c'est Moussa.

C'est une vrai boutique, certains d'entre eux y vendent du tissu, des bijoux et autres objets de "decoration", ou peut être des rituels hindous. J'apprendrai ça plus tard.
Moussa l'empreinte pour faire son propre "business". Je m'installe aux côtés de Nico et John, le premier français, le second californien. Très vite je comprends que nous sommes là pour décider de ce que nous ferons enssemble.
Moussa a vingt-cinq ans, une légère barbe lui donne deux ans de plus, les cheveux courts et un regard amusé et calculateur à la fois. Il commence par nous mettre à l'aise. Les cones et les gobelets de milk-tea tournent pendant plusieurs heures. Nous nous sentons vraiment entre amis.

Le projet se dessine petit à petit. S'est joint a nous, Simon Symone. Un autrichien qui nous fait penser à un surfeur Australien. Il a les cheveux blonds et sans être méchant, il nous fait beaucoup rire, il a trente années et donne l'impression d’être un enfant. Parfois je me sens aussi comme un gosse. Mais je me sens detendu, en confiance.
Nous decidons enfin de partir le lendemain midi pour le Kashmir.
Nico est bloqué à Delhi pour quelques jours, il devrait nous rejoindre.

Le lendemain nous nous retrouvons devant le même shop avec nos sacs et c'est parti. Un taxi, çà file, klaxon, musique, blague de Simon que nous avons du mal à comprendre, on s'habitue les uns aux autres. John parle plus sérieusement mais semble ouvert à l'humour, je n'en finis plus de sourire. Station de bus, un cone, on charge les sacs, un chay, on s'installe sur nos couchettes, on part.
Moussa est très profond par moment, pourtant il ne loupe pas une occasion de se marrer. Les haltes dans des restaurants de routiers sont intenses, les indiens jaugent nos auras. Sommes-nous bons ou mauvais ? Cela ne me gêne déjà plus. J'ai vécu mon initiation dans le métro quelques jours plus tôt. Je souris et la plupart du temps la reponse est souriante. C'est bon d’être ici.

Au lever du jour, nous sommes dans les montagnes. Les premières de la grande chaine de l'Himalaya. Pour le moment, ce sont de petites montagnes, quelques falaises et une couverture d'arbres, la jungle. Des singes sur la route ralentissent le trafic.
Les camions indiens sont tellement beaux. Les couleurs et les klaxons mélodieux qui chantent plus d'une minute pour certains, rappellant des musiques de films, on se croit dans un dessin animé.
Srinagar. La famille de Moussa nous attend. On fait ce qu'on nous dit. En réalité, nous sommes libres de nos choix, mais "don't worry, be happy" et la charité fait son défilé. Le frère malade, l'autre drogué. Au complet, la famille doit bien compter une quinzaine d'hommes, de femmes et d'enfants.
La plus belle chambre avec un four à bois, c'est la nôtre. Une salle de bains juste en face. Des bougies pour le soir, car l’électricité n'est pas certaine à partir de maintenant. On nous prête des penchos et nous sert à manger et à boire en excès. Il est même difficile de refuser dans un premier temps. L'acceuil est une culture.

Après les jours passés à Naranag, dans la montagne, nous revenons pour une nuit dans la maison de Moussa. Le matin du retour, sa famille semble nous dire aurevoir de la même manière qu'à leur propre fils.
Les choses vont toutes suite plus vite avec notre jeune ami. Il est impatient de retourner en ville. Nous nous séparons après sept heures dans une Jeep, à Jammu. C'est une ville frontalière du Kashmir et de l'Inde où nous pouvons trouver des transports pour toutes directions. Simon rejoint son frère à Kerala dans le sud et John prendra un car le lendemain pour Dharamsala. Je rentre avec Moussa à Delhi retrouver Josselyn qui arrive le jour suivant.
Josselyn, jeune voyageur francais, est un peu troublé et fatigué. Il est content de me voir, qu'on puisse échanger nos impressions sur ce choc culturel que nous sommes bien obligés d'essayer de comprendre. "Ils sont comme ci, ils sont comme ça." En fait, de mon côté je me suis déjà bien acclimaté. Nous repartons en direction du shop et croisons Moussa dans la rue. Passons une nuit chez lui.

Un loyer pour un petit "studio" dans un "petit" quartier de la capitale, vaut environ 90E/mois ( 6000 roupies ). Un cadnas que Moussa ouvre avec une brique car il n'a pas de clé, un rideau pour separer la pièce principale de l'exterieur, une terrasse donnant sur la rue. Cette nuit là, les chiens ont hurlé pendant des heures et un ouvrier pas fatigué à detruit un mur au burin.

Mon petit français est très vite intéressé par le Kashmir. Il aimerait vivre en montagne et profiter de l'occasion que lui propose mon ami. Il passe les deux jours qui suivent à se preparer et s'envole les yeux ouverts sur le début de son voyage. Moi, je retrouve Nico qui a eu moins de chance que nous. En effet, vous vous souvenez de Shekil ? Le mec au crane rasé et au rire fou est apparemment un sorte de fugitif au Kashmir. Il a embarqué Nico sur un HouseBoat, sur le Lack de Srinagar. Il lui promettait de nous rejoindre mais a disparu en laissant son invité sur le bateau, avec sa famille. Nico se démerde pour prendre un bus et rentre à Delhi, il m'appelle et nous nous retrouvons dans le shop magique.

Un des hommes de la boutique ( combien sont-ils ? ) me propose de jauger mes energies. Il me manipule une demi-heure en me parlant, me pose des questions sur mes sensations, mes relations, ma vie. Je me laisse jauger et accepte avec le sourire qu'il me conseille et me prévienne à propos de mon présent. Il me parle de ce que j'ai à faire pour libérer certaines tensions. Il me parle aussi de l'avenir. Il semble tout savoir ou presque, mais sans exagérer. Il m'offre quelques pierres de chance et de protection.
Il me faudra encore du temps avant d'avoir l'esprit stable.

Il y a d'autres boutiques comme celle-ci. L'une d'entre elles où nous sommes également invité est un peu plus sombre. Le jeune homme qui nous ouvre la porte est triste, malade et très attaqué par la drogue. Il est encore jeune, mais il doit bien prendre plusieurs claques par jour. Il veut jouer au billard. Cool !
Nous nous retrouvons dans une salle de snooker sous la rue.
Plus tard nous allons manger au-dessus de la rue avec Nico. Sur la terrasse d'un immeuble de quatre étages, la vue sur la place, la vie nous scotch au balcon. Et que la nourriture a du goût.

C'est ça. La nourriture a du goût en Inde. La rue et les gens ont de vraies odeurs. Les êtres vivants sont libres et les humains sont simples et autenthiques. Ceux qui n'ont pas le choix ? Les mutilés, les enfants, les femmes, les sans abris, les affamés, les assoiffés... Ils acceptent, et souvent continuent de sourire et de tendre la main.

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DawPyAuteur : Postée le 08 décembre 2011 par DawPy
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