Aktar et Nessima
To Live Karma and Laws of the Perception
Moussa n'Co
Bridge
Aktar vit dans la maison de son père dans le village de Naranag. Une maison qui appartient à sa famille depuis plusieurs générations. Elle est faite de terre séchée et d'une sorte de platre. Il y a trois pièces, une seule, la cuisine, avec un four à bois.
L’étage sert de grange où il stock du foin pour sa vache et ses deux chevaux. Derrière la maison, les toilettes entre trois planches et deux bouts de vieux tissus.
Il me raconte qu'il a de la chance. Il a rencontré Nessima très jeune. Ils se sont unis par amour ressenti. Ce n'est pas toujours le cas dans ces villages où les hommes trop vieux resteront célibataire et les pères choisissent un mari pour leur fille, disons par sagesse.
Mais l'hiver est rude.
Il s'ennuie. Il adore parler avec les touristes. Je lui raconte ma famille, mes soeurs, l'amour de mes parents. Il est aussi emerveillé que moi en regardant ses enfants. J'ai de la chance.
Mais ici, l'hiver est rude.
Un ami lui a offert un téléphone portable il y a quelques semaines. C'est le premier qu'il a. Au Kashmir, le téléphone portable était interdit il y a encore quelques mois. Nous lui en offrons un neuf car le sien est cassé. Un soir alors que nous fumons ensemble sous la lune et les étoiles tellement nombreuses, il me montre tout content une video quasi pornographique de japonnaises nues. Je commence par rire et me tourne vers lui un peu surpris, je lui demande s'il trouve ça bien. Il me repond honnêtement qu'il a une femme, que tout va bien.
L'hiver est rude.
Nessima est malade. Elle a dû prendre froid. Elle reste allongée une bonne partie de la journée près du four. Les enfants, eux sont surexcités. Ils courent dans tous les sens, intenables. Deux bonnes bouilles heureuses de vivre, Sebie et Sioma. Les bonhommes ne vont pas à l’école souvent. Mais ils ont l'air éveillés. Aktar me confie qu'il rêve pour eux qu'ils puissent un jour voyager comme nous.
L'avenir à la montagne c'est du travail. Le bois, les hommes coupent et scient des troncs entiers au-dessus du village avant de le transporter morceau par morceau au bord de la route. Certains bois ont de la valeur.
Il y a l’élevage, mais la culture des céréales est leur travail le plus courant. La culture du ashish pour quelques uns, et le tourisme. Tout le monde essaie de s'en sortir avec ses propres moyens.
La religion est un rythme. Le muezzin est plus colore et plus simple a la fois dans le village. Il y a une discordance particulière dans son chant qui le différencie de celui, profond et intense, que j'ai apprécié aussi à Srinagar.
L'alcool et aussi la drogue sont des produits que Aktar ne devrait pas consommer. Il fume avec les touristes, il ne boit pas.
Et l'hiver est rude.
L'acceptation. Je comprends son regard triste accompagné d'un sourire heureux. Ici, l'homme se laisse appartenir à l'enssemble naturel. Il est comme aux premiers temps son esclave, car la nature lui donne l'eau, la nourriture et le bois pour se réchauffer. Parce que la nature décide pour lui de s'il doit mourir de froid ou de faim, il apprend à respecter son Karma comme son fils. Il fait le bien autour de lui parce qu'il est croyant. Il croit en cet amour qui lui sera rendu, sous la forme d'une bonne rencontre ou d'un bon repas.
Se satisfaire de peu devient sa nature. Et avec si peu, il nous donne tant. J'ai envie de le prendre dans mes bras en le quittant. Il aurait certainement apprécié. Je me suis retenu et je trouve ça dommage en y repensant.
Ma famille me manque maintenant.
Je vais bientôt les embrasser tous.
Et l'hiver est moins rude par chez nous.
Heureux celui qui connait sa chance.
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Moussa n'Co
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