To Live Karma and Laws of the Perception

Carnet de voyage en Inde

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La croisée du temps Envol Travail

Karma (en devanāgarī कर्म, de la racine KRI, signifie acte, action, rite) est un terme sanskrit utilisé dans plusieurs religions orientales. Pour ces religions, la notion de karma désigne communément le cycle des causes et des conséquences liées à l'existence des êtres sensibles. Il est la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera. Dans les religions ayant adopté les concepts de réincarnation ou de renaissance, les effets de ces actes karmiques sont censés se répercuter sur les différentes vies d'un individu.

La loi du karma est un concept central dans nombre de religions indiennes, telles que l'hindouisme, le sikhisme, le bouddhisme ou le jaïnisme. Chaque être y est responsable de son karma, et donc de sa sortie du Saṃsāra (état d'existence sous l'emprise de la souffrance). Les premières références au karma auraient pour origine les Upaniṣad (apprentissage).

Le concept de karma est également présent dans les doctrines de différents mouvements ésotériques occidentaux.

Après deux mois d'aventure en Europe de l'Est (à voir [http://www.visoterra.com/voyage-to-east-hitch-hiking/]), je prendrai l'avion pour atterrir (ou m'envoler) en Inde. Mon objectif n'est pas de rejoindre Katmandou pour me suicider comme dans ces histoires bien réelles de nombreux voyageurs perdus dans un univers où le voyage devient chute libre au centre de l'âme.
Pour moi, je souhaite revenir partager mon apprentissage de la vie, ma vision de ce monde que nous connaissons trop mal. Ma recherche de la perception doit se faire dans tout ce que je rencontrerai d'équilibrant et pas ce qu'il y a parfois de destructeur le long d'un chemin en plein inconnu.

Ce sera donc un voyage aussi réel que fantastique que je partagerai à travers un nouveau carnet. En attendant, je pars vers l'Est en auto-stop, si ça tente quelqu'un ?!

Durée : 110 jours ( du 21/11/2011 au 09/03/2012)
Zone : Inde (+ de carnets de voyage) (Carnet sélectionné)[?]
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DawPy
Carnet de voyage créé par DawPy
Le 18 juillet 2011

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Nouveau départ

Jadis, beaucoup étaient convaincus que le ciel leur tomberait dessus. Plus qu'une simple expression, comme on l'utilise avec humour aujourd'hui, ils avaient pour cette illusion une réelle crainte à juste titre qu'ils ne connaissaient pas le ciel.

Maintenant que nous le comprenons un peu mieux, et que nous commençons à remettre en question nos connaissances de la terre, nos craintes se tournent sur cette dernière. Même si nous essayons d'y joindre toute l'ironie qui nous est propre dans des situations sans réponse, l'expression dominante de nos jours est la suivante : "un jour, la terre s'écroulera sous nos pas !"

C'est également à force de répéter nos vielles expressions que l'on encre dans les jeunes esprits l'idée effrayante capable de saturer leurs pensées et même leurs rêves de toutes sortes de peurs. L'angoisse est le plus souvent négative dans notre rapport à la compréhenssion de la vie. Pour se défendre contre son emprise, l'humain tente de mettre en place un véritable système de réflexions et d'éducation.

L'éducation est intemporelle dans son fondement comme dans sa structure. Chaque brique de celle-ci est un principe, une valeur ou illusion parfois, une vérité culturelle souvent et rarement mais de temps en temps une révélatyion universelle. Cette dernière peut être comprise et assimilée très tard après sa perception initiale.

En fin de compte, ce sont celles-ci de briques uniquement qui bâtiront un pont solide en direction d'une réelle prise de conscience. La perception est une source inépuisable qui rongera ou contournera petit à petit tous les obstacles sur son lit de rivière, de fleuve. La prise de conscience est l'estuaire de l'océan, le savoir comprit. Le chemin est, en général, très long de l'éducation à la compréhension.

Imaginons-nous seulement la difficulté de bâtir un pont entre deux rives d'un fleuve, seul, et le traverser sans tomber et se noyer, que ce soit sous les plaisirs ou la fermeture d'esprit que peut inciter la vie. C'est pour apprendre à fonder un pont solide et préparer le passage sur l'autre rive que le voyage est nécessaire. C'est pour être prêt à comprendre le monde que la rencontre est un outil. Et la vie, les quelques années d'épreuves charnelles que nous avons devant nous, n'a de sens que dans l'exploration des infinies possibilités que nous offre le jour et la nuit.

Le temps passe, je ne suis toujours pas partis, mais rien ne presse. Tout va déjà si vite. Combien de milliers de millions de milliards de kilomètres avons-nous déjà parcourus depuis notre naissance, sur notre vaisseau planétaire, filant à travers l'espace ?

Bon voyage !

La croisée du temps
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Les yeux indiens

Premières impressions...

C'est vraiment autre chose. L'air et la vie. Le trafic est intense et le bruit de la ville ne cesse jamais. Les véhicules filent à travers des rues rendues étroites par les stands alimentaires (si on ose) et vestimentaires. Sur les plus grandes avenues, c'est à se croire sur une piste de course. Et c'est très drôle par moment, en tant qu'observateur je veux dire, aucun "pouet" ne se ressemble et tous veulent aller plus vite que les autres, même lorsque ils ne peuvent pas avancer ils tentent de doubler, se faufiler, ou alors ils klaxonnent, sait-on jamais ?!
Les couleurs et les klaxons forment une symphonie surprenante au départ, puis on s'y fait. Et les rares moments de silence deviennent délicieux. Il fait un bon vingt degrés au petit matin, certainement dus en grande partie au brouillard de pollution, mais c'est quand même agréable de se balader en tee-shirt.

Le contact humain est vraiment simple avec les indiens. Il suffit de s'asseoir et quelqu'un s'assied à mes côtés et nous parlons. Je me dis qu'on doit vraiment être ferme en Europe pour ne pas faire ça, parler tout simplement à son voisin ! Evidement, la plupart on soit un truc à vendre soit une info sur la meilleur agence touristique à vous soumettre, mais la façon de faire est très agréable je trouve. Et puis dans le central parc au milieu de la place Connaugh, je m'y suis installé un moment, au bout de deux minutes Wikas est venu me parler, ce n’était pas pour me vendre son temps. Nous avons discuté du dieu Krishna et de l'amour pendant deux heures. Je le recroiserai peut-être...

Bon, il y a l'autre contact, l'autre visage et ce regard encore différent. Certains yeux vous souhaite bon voyage, bienvenue, d'autre vous reclame la charité. J’étais au courant, je m'y attendais, et il faut le vivre.
Il y a les trois petites filles chacune un petit chiot endormi ou mort dans un foulard autour du cou. Les yeux fixes, sombres, un regard profond et violemment intense, du rouge dans le blanc, elles regardent cinq ou dix minutes peut être, en faisant de mignones grimaces pour expliquer la faim et la soif, avant d'aller trouver un autre plus offrant.
Puis il y a le jeune garcon qui s'approche en boitant. Au début il a l'air de se laisser trainer sans vraiment calculer sa direction, comme un automate robotique. Puis il regarde sans espoir quelconque, il ne demande pas vraiment, il baisse la tête et reste devant moi. Au milieu de la tête, un trou de la taille d'une carte de poker. Comme si on lui avait rasé les cheveux et le cuire avec. Ma premier réaction a été de chercher un regard pour appuyer mon écoeurement, je me suis aperçu qu'on observait ma réaction.
Après cette rencontre c'est assez facile de dire non aux vielles dames qui insistent et suivent en gémissant.

Ce n'est pas comme ça a tous les coins de rue, bien sure. Le sourire est partout ici, il suffit d’échanger son regard et les muscles se décontractent pour découvrir les dents, ou pas...
En tout cas, leurs yeux reflètent quelque chose de magique, spirituel. Ils portent leur âme dans leur regard sans jamais aucune agressivité.

Mon accueil chez Farida est très maternel, ça me fait du bien. Elle me présente à ses amis et tout le monde me conseille. Je vais prendre mon temps pour me reposer, visiter un peu la ville et peut être faire un tour à Dharamsala la semaine prochaine. La pression du voyage Européen s’évacue, je prends mes repères et m'aclimate.

Mon premier mot hindi est "Byar" (Amour)

Monkey
Monkey
Taxi
Indian Railway
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Tata Farida

Farida semble épuisée. La pollution, le stress de la vie à New Delhi. Elle parle aussi d'obligations ne lui permettant pas de faire ce qui lui plairait. Baisse de tenssion, respiration difficile, les larmes aux yeux elle a besoin de parler.

Aujourd'hui c'est un jour de commémoration pour l'Inde. Il y a trois ans, une attaque terroriste pakistanaise a fait plusieurs dizaines de mort à Mumbai (Bombay).
L'attaque visait non seulement à exprimer la haine envers le gouvernement Indien pas tellement innocent par rapport à la guerre civile pakistanaise, mais aussi un symbole de l'industrie de la famille Tata, son hotel "Taj Mahal".
Celle-ci est l'une des plus réputées du pays. Si ce n'est par ses multi-nationales, son rachat de LangeRover à Londres et sa production des premières voitures indiennes, aussi, l'entreprise Tata travaille d'une manière bien particulière de partage des profits. Les employés anglais de LangeRover ont pu garder leur poste, les balayeurs et autres petites gens des locaux de l'industrie sont les mieux payés du pays, des donnations annuelles offrent à de nombreuses villes des hopitaux et des écoles, ils vont jusqu'à adopter des villages entiers. Mr Tata, à la tete du groupe est l'un des hommes les plus riches de l'Inde, ce qui ne l’empêche pas d’être humble et d'une sagesse rassurante. Il prend sa retraite à soixante dix ans. Mais l'homme continuera de travailler avec passion sur son projet de voitures électriques. Il y a quelques années, il avait atteint des records de bénéfices, ceux-ci profitant à beaucoup de monde, avec une compagnie aérienne. Le gouvernement, grâce aux lois qui le lui permet, nationalisa cette compagnie, en tira des profits et coula lentement cette dernière. Il demanda à M Tata de la reprendre sous son aile, celui-ci refusa fermement, "Non, merci."
Il est souvent quasi institutionnel pour les entrepreneurs indiens de faire dons de leur profits à la population. Mais ce n'est pas le cas du gouvernement ou la corruption et la soif de finances est un sujet de révolte pour le peuple indien.
De l'autre cote de la frontière ouest, les pakistanais mediatisent leur haine comme si rien ne devait s'arranger que dans la violence. Nous sommes d'accord que ressacer le passé et mediatiser ces mauvais souvenirs n'ont pas de bonnes influences sur l'esprit. La tension est perceptible. Pour nous la tristesse, "Où va-t-on ?"

Avant de nous coucher, alors que dans la rue les pétards résonnent, Farida me montre un papillon dans un coin de la pièce. Le lendemain, elle me le montre à nouveau, installé sous le téléviseur, "debout".
"J'avais laissé la porte du balcon entre-ouverte pour qu'il puisse sortir, mais il est mort." Me dit-elle un peu désolé. Je lui dis qu'il avait peut-être choisit cet endroit pour mourir.
"Hé bien, c'est un choix que nous avons pas tous !" me répond-t-elle en souriant.
En effet, pourtant je suis sûr qu'il arrive de pouvoir prendre des décisions qui auront suffisamment d'influence sur notre vie pour pouvoir la finir comme nous l'imaginons, le moment venu. Je crois que M Tata aura cette chance.

Oublions la mort, la vie est déjà bien difficile pour beaucoup à New Delhi. Un jeune agriculteur a giflé son ministre cette semaine. Quelques petites manifestations à Mumbai. La mousson n’était pas bonne cette année, les recoltes ne rapporteront pas suffisamment pour rembourser les emprunts que des milliers de familles ont dû faire pour planter les graines qui ne germeront pas. Les prix ont augmenté, mais la valeur de la Roupie s'effondre ( 1E > 70Rs ).
Alors malheureusement, la pollution et toutes les maladies de peau et de bronches qu'elle entraine est devenue un souci irreverssible ici. Lorsqu'on parle de notre volonté écologique pour ces prochaines décennies, car la planète ne supportera pas notre impact. Certains pays, certains peuples ne sont plus capables de penser de cette manière. Il faudra beaucoup de temps en tout cas pour que leurs esprits aient à nouveau la passion et la pulsion de la nature. Ici, tout est allé trop vite. Et le tourisme est évidemment un des moteurs de ce cercle vicieux. Mais le "cycle rickshow" ( lui ne pollue pas ), il ne peut pas manger si je préfère marcher...

Bientôt les vacances pour Farida, elle et sa mère prendront l'avion pour plus de confort. Elles seront à Pune en une heure. Là-bas Farida compte bien évacuer sa fatigue, reprendre son souffle. En tout cas, j'admire sa force, elle ne perd pas son sourire !

Pachiderme
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Kashmir

La simplicité du plaisir partagé à travers l'accueil est tellement rassurante, appaisante que mes souffrances intérieures ne sont plus du tout douloureuses.
J'ai parfois peur que mon âme abîmée ne soit trop noircie par mes années de mauvais esprit et d'egocentrisme. Ils donnent l'impression de le ressentir. Et si l'accueil est savoureux, la suite est oppressante par moment, à Srinagar.
A Naranag, en moyenne montagne, dans une maison de Gypsy, c'est autre chose. La famille est heureuse de recevoir, et si ce n'est évidemment pour ce qu'on leur laisse de matériel, de nourriture et de "bacshiches" pour l'hiver, ils aimeraient nous donner leur amitié la plus sincère. Je ne connait pas Aktar, Nessima et leurs enfants. Mais je sais déjà tout de leur vie. Et la chaleur de leurs sourires est tellement envahissante. Je les aime. Et je voudrais les revoir et leur dire.
J'aimerais même vivre avec eux cet hiver rude qu'ils se préparent à vaincre comme un combat annuel.

Puis-je être quelqu'un de tranquille à propos de qui je suis ?

Je redescends de ce paradis suspendu dans la moyenne montagne du Kashmir avec le vertige d'une conscience troublée. Je suis un touriste de la misère. Et je sais que je ne le veux pas. Pourtant je reviens sur terre avec le sourire. A savoir que je vais rentrer chez moi et embrasser ceux que j'aime. Parce que j'ai la chance de pouvoir le faire.
Mon amour est fort et me semble inattaquable. Tout est possible maintenant, et rien ne sera plus regrettable.

J'ai beaucoup à raconter à propos de la vie qui coule dans ces montagnes, à travers les humains et l’unité naturel de leur présence à cette place.
Aussi, mes senssations nerveuses compte tenu de ce point de vue de "passager" qui est le mien. Pourquoi je reviens plutôt que de poursuivre ? Je sais que je reviendrai, mais aujourd'hui, je n'ai rien à offrir à cette famille. Par contre, j’espère offrir ma vie à ma propre famille et mes amis.

J'essayerai d'en parler dans deux prochains recits. Je prends le temps de mettre mes idees a l'endroit. En attendant, je poste quelques photos.

A la source il fallait aller pour comprendre le fleuve.

Ombres
Montagne
Naranag
Tapis
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Moussa n'Co

La vie commence toujours par une rencontre. Je marche dans la rue principale de Paragandj à Delhi. Les rickshow se retournent un à un sur moi et les commercants pour me juger client ou non. Je marche, c'est tout pour le moment. Le sourire me vient sans raison, juste pour partager mon bien être.
C'est le debut de l'hiver, le brouillard couvre le ciel bleu poussiéreux. Les premiers de la bande à m'interpeler sont deux jeunes d'une trentaine d’années au plus. L'un les cheveux longs, il me fait penser plutôt à un espagnole, l'autre le crane rasé et une capuche, Shekil. Lui est marrant, il a un regard un peu fou, son rire le renforce.
Ils me proposent plusieurs produits que je refuse tout en discutant de ce que je fais ici et pour combien de temps, qui suis-je ? Puis juste un petit "chay", pourquoi pas ? Nous entrons dans une petite boutique au coin d'une ruelle. Il y a deux touristes déjà installés sur le tapis en face d'un présentoir à bijoux derrière lequel me tendent la main deux autres indiens. L'un d'eux doit avoir une quarantaine d’années, les cheveux longs, un regard tranquil et un visage rassurant. On dirait un hippie passé à l'âge adulte, cool. L'autre, c'est Moussa.

C'est une vrai boutique, certains d'entre eux y vendent du tissu, des bijoux et autres objets de "decoration", ou peut être des rituels hindous. J'apprendrai ça plus tard.
Moussa l'empreinte pour faire son propre "business". Je m'installe aux côtés de Nico et John, le premier français, le second californien. Très vite je comprends que nous sommes là pour décider de ce que nous ferons enssemble.
Moussa a vingt-cinq ans, une légère barbe lui donne deux ans de plus, les cheveux courts et un regard amusé et calculateur à la fois. Il commence par nous mettre à l'aise. Les cones et les gobelets de milk-tea tournent pendant plusieurs heures. Nous nous sentons vraiment entre amis.

Le projet se dessine petit à petit. S'est joint a nous, Simon Symone. Un autrichien qui nous fait penser à un surfeur Australien. Il a les cheveux blonds et sans être méchant, il nous fait beaucoup rire, il a trente années et donne l'impression d’être un enfant. Parfois je me sens aussi comme un gosse. Mais je me sens detendu, en confiance.
Nous decidons enfin de partir le lendemain midi pour le Kashmir.
Nico est bloqué à Delhi pour quelques jours, il devrait nous rejoindre.

Le lendemain nous nous retrouvons devant le même shop avec nos sacs et c'est parti. Un taxi, çà file, klaxon, musique, blague de Simon que nous avons du mal à comprendre, on s'habitue les uns aux autres. John parle plus sérieusement mais semble ouvert à l'humour, je n'en finis plus de sourire. Station de bus, un cone, on charge les sacs, un chay, on s'installe sur nos couchettes, on part.
Moussa est très profond par moment, pourtant il ne loupe pas une occasion de se marrer. Les haltes dans des restaurants de routiers sont intenses, les indiens jaugent nos auras. Sommes-nous bons ou mauvais ? Cela ne me gêne déjà plus. J'ai vécu mon initiation dans le métro quelques jours plus tôt. Je souris et la plupart du temps la reponse est souriante. C'est bon d’être ici.

Au lever du jour, nous sommes dans les montagnes. Les premières de la grande chaine de l'Himalaya. Pour le moment, ce sont de petites montagnes, quelques falaises et une couverture d'arbres, la jungle. Des singes sur la route ralentissent le trafic.
Les camions indiens sont tellement beaux. Les couleurs et les klaxons mélodieux qui chantent plus d'une minute pour certains, rappellant des musiques de films, on se croit dans un dessin animé.
Srinagar. La famille de Moussa nous attend. On fait ce qu'on nous dit. En réalité, nous sommes libres de nos choix, mais "don't worry, be happy" et la charité fait son défilé. Le frère malade, l'autre drogué. Au complet, la famille doit bien compter une quinzaine d'hommes, de femmes et d'enfants.
La plus belle chambre avec un four à bois, c'est la nôtre. Une salle de bains juste en face. Des bougies pour le soir, car l’électricité n'est pas certaine à partir de maintenant. On nous prête des penchos et nous sert à manger et à boire en excès. Il est même difficile de refuser dans un premier temps. L'acceuil est une culture.

Après les jours passés à Naranag, dans la montagne, nous revenons pour une nuit dans la maison de Moussa. Le matin du retour, sa famille semble nous dire aurevoir de la même manière qu'à leur propre fils.
Les choses vont toutes suite plus vite avec notre jeune ami. Il est impatient de retourner en ville. Nous nous séparons après sept heures dans une Jeep, à Jammu. C'est une ville frontalière du Kashmir et de l'Inde où nous pouvons trouver des transports pour toutes directions. Simon rejoint son frère à Kerala dans le sud et John prendra un car le lendemain pour Dharamsala. Je rentre avec Moussa à Delhi retrouver Josselyn qui arrive le jour suivant.
Josselyn, jeune voyageur francais, est un peu troublé et fatigué. Il est content de me voir, qu'on puisse échanger nos impressions sur ce choc culturel que nous sommes bien obligés d'essayer de comprendre. "Ils sont comme ci, ils sont comme ça." En fait, de mon côté je me suis déjà bien acclimaté. Nous repartons en direction du shop et croisons Moussa dans la rue. Passons une nuit chez lui.

Un loyer pour un petit "studio" dans un "petit" quartier de la capitale, vaut environ 90E/mois ( 6000 roupies ). Un cadnas que Moussa ouvre avec une brique car il n'a pas de clé, un rideau pour separer la pièce principale de l'exterieur, une terrasse donnant sur la rue. Cette nuit là, les chiens ont hurlé pendant des heures et un ouvrier pas fatigué à detruit un mur au burin.

Mon petit français est très vite intéressé par le Kashmir. Il aimerait vivre en montagne et profiter de l'occasion que lui propose mon ami. Il passe les deux jours qui suivent à se preparer et s'envole les yeux ouverts sur le début de son voyage. Moi, je retrouve Nico qui a eu moins de chance que nous. En effet, vous vous souvenez de Shekil ? Le mec au crane rasé et au rire fou est apparemment un sorte de fugitif au Kashmir. Il a embarqué Nico sur un HouseBoat, sur le Lack de Srinagar. Il lui promettait de nous rejoindre mais a disparu en laissant son invité sur le bateau, avec sa famille. Nico se démerde pour prendre un bus et rentre à Delhi, il m'appelle et nous nous retrouvons dans le shop magique.

Un des hommes de la boutique ( combien sont-ils ? ) me propose de jauger mes energies. Il me manipule une demi-heure en me parlant, me pose des questions sur mes sensations, mes relations, ma vie. Je me laisse jauger et accepte avec le sourire qu'il me conseille et me prévienne à propos de mon présent. Il me parle de ce que j'ai à faire pour libérer certaines tensions. Il me parle aussi de l'avenir. Il semble tout savoir ou presque, mais sans exagérer. Il m'offre quelques pierres de chance et de protection.
Il me faudra encore du temps avant d'avoir l'esprit stable.

Il y a d'autres boutiques comme celle-ci. L'une d'entre elles où nous sommes également invité est un peu plus sombre. Le jeune homme qui nous ouvre la porte est triste, malade et très attaqué par la drogue. Il est encore jeune, mais il doit bien prendre plusieurs claques par jour. Il veut jouer au billard. Cool !
Nous nous retrouvons dans une salle de snooker sous la rue.
Plus tard nous allons manger au-dessus de la rue avec Nico. Sur la terrasse d'un immeuble de quatre étages, la vue sur la place, la vie nous scotch au balcon. Et que la nourriture a du goût.

C'est ça. La nourriture a du goût en Inde. La rue et les gens ont de vraies odeurs. Les êtres vivants sont libres et les humains sont simples et autenthiques. Ceux qui n'ont pas le choix ? Les mutilés, les enfants, les femmes, les sans abris, les affamés, les assoiffés... Ils acceptent, et souvent continuent de sourire et de tendre la main.

Barber
Lever
Moussa
Tea boy
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Aktar et Nessima

Aktar vit dans la maison de son père dans le village de Naranag. Une maison qui appartient à sa famille depuis plusieurs générations. Elle est faite de terre séchée et d'une sorte de platre. Il y a trois pièces, une seule, la cuisine, avec un four à bois.
L’étage sert de grange où il stock du foin pour sa vache et ses deux chevaux. Derrière la maison, les toilettes entre trois planches et deux bouts de vieux tissus.

Il me raconte qu'il a de la chance. Il a rencontré Nessima très jeune. Ils se sont unis par amour ressenti. Ce n'est pas toujours le cas dans ces villages où les hommes trop vieux resteront célibataire et les pères choisissent un mari pour leur fille, disons par sagesse.
Mais l'hiver est rude.
Il s'ennuie. Il adore parler avec les touristes. Je lui raconte ma famille, mes soeurs, l'amour de mes parents. Il est aussi emerveillé que moi en regardant ses enfants. J'ai de la chance.
Mais ici, l'hiver est rude.
Un ami lui a offert un téléphone portable il y a quelques semaines. C'est le premier qu'il a. Au Kashmir, le téléphone portable était interdit il y a encore quelques mois. Nous lui en offrons un neuf car le sien est cassé. Un soir alors que nous fumons ensemble sous la lune et les étoiles tellement nombreuses, il me montre tout content une video quasi pornographique de japonnaises nues. Je commence par rire et me tourne vers lui un peu surpris, je lui demande s'il trouve ça bien. Il me repond honnêtement qu'il a une femme, que tout va bien.
L'hiver est rude.

Nessima est malade. Elle a dû prendre froid. Elle reste allongée une bonne partie de la journée près du four. Les enfants, eux sont surexcités. Ils courent dans tous les sens, intenables. Deux bonnes bouilles heureuses de vivre, Sebie et Sioma. Les bonhommes ne vont pas à l’école souvent. Mais ils ont l'air éveillés. Aktar me confie qu'il rêve pour eux qu'ils puissent un jour voyager comme nous.
L'avenir à la montagne c'est du travail. Le bois, les hommes coupent et scient des troncs entiers au-dessus du village avant de le transporter morceau par morceau au bord de la route. Certains bois ont de la valeur.
Il y a l’élevage, mais la culture des céréales est leur travail le plus courant. La culture du ashish pour quelques uns, et le tourisme. Tout le monde essaie de s'en sortir avec ses propres moyens.

La religion est un rythme. Le muezzin est plus colore et plus simple a la fois dans le village. Il y a une discordance particulière dans son chant qui le différencie de celui, profond et intense, que j'ai apprécié aussi à Srinagar.
L'alcool et aussi la drogue sont des produits que Aktar ne devrait pas consommer. Il fume avec les touristes, il ne boit pas.
Et l'hiver est rude.
L'acceptation. Je comprends son regard triste accompagné d'un sourire heureux. Ici, l'homme se laisse appartenir à l'enssemble naturel. Il est comme aux premiers temps son esclave, car la nature lui donne l'eau, la nourriture et le bois pour se réchauffer. Parce que la nature décide pour lui de s'il doit mourir de froid ou de faim, il apprend à respecter son Karma comme son fils. Il fait le bien autour de lui parce qu'il est croyant. Il croit en cet amour qui lui sera rendu, sous la forme d'une bonne rencontre ou d'un bon repas.
Se satisfaire de peu devient sa nature. Et avec si peu, il nous donne tant. J'ai envie de le prendre dans mes bras en le quittant. Il aurait certainement apprécié. Je me suis retenu et je trouve ça dommage en y repensant.

Ma famille me manque maintenant.
Je vais bientôt les embrasser tous.
Et l'hiver est moins rude par chez nous.
Heureux celui qui connait sa chance.

Aktar family house
Somia
Sebie
Kashmiri Horses
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Bridge

Le pont est en construction. La rivière a pris de la puissance ces dernières semaines. Comme si de comprendre comment la traversée lui impliquait de devenir plus dangereuse. Mais les peurs ne sont plus assez présentes pour affaiblir la pierre et l'énergie. Je fais mes premiers pas d'adulte sans trembler. Heureux et plein de pouvoir.

Je suis rentré pour me préparer à y retourner. J'ai vécu une étape importante de ma vie. Aujourd'hui je sais que mon chemin est tracé dans le bonheur. Alors la confiance en moi dont je manquais est devenue mon sourire. Et je le porte comme un drapeau.
J'ai en tête quelques projets pour ces mois à venir. Je dois travailler ici en France pour les accomplir. Je vois se dessiner déjà mon prochain voyage dans le pays du coeur.
Pour cette fois le voyage est écourté, mais il continu à travers les liens qui se sont très vite établis. J'y suis encore un peu et c'est de cette manière que je pourrai vivre mieux dans ma propre société.
J'aime ma vie et ma liberté d'esprit ne fait que s'accroître. Je suis revenue aussi pour ralentir ce phénomène qui touche la plupart des voyageurs de l'Inde, se libérant du temps et des angoisses de l'horloge humaine. Je souhaite conserver ma vision actuelle, entre-deux mondes. Pour pouvoir vivre ma propre vie. J'ai le temps de préparer mon prochain voyage, une autre étape, et je ne partirai pas seul.

Je ne suis pas sûre d'être bien clair, mais j'essais d'exprimer la raison principale de mon retour. Ne pas me perdre, ne pas perdre les gens que j'aime. Cependant, il y a d'autres raisons.
J'ai donné mon argent à ceux qui en avaient besoin. Car je suis partis à la recherche d'êtres humains. Je les trouvais en Inde et au Kashmir. Je les ai aidés avec ce que j'avais, juste avant l'hivers. Et ils m'offrent de penser à moi comme ils penseraient à un frère.

C'est là qu'est la magie...

Aux yeux d'êtres humains, je suis un frère. Je suis humain et capable d'aimer, alors je veux vivre cette destiné. C'est un choix que je précise de jours en jours. Je sais où je vai et ce que je dois faire. Je sais aussi que je repartirai rendre visite à mes frères, et j'éspère vous avoir donné l'envie de m'accompagner.

Envol
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Don't worry, be happy

Je voudrais conclure mon carnet.

Ceci-dit je suis revenu de loin mais j'ai le sentiment de commencer seulement mon voyage. Et puis je n'ai plus tant besoin de me poser des questions à propos de nos différentes perceptions de la vie. Que ce soit en Europe, en Inde, ou partout dans le monde, nous trouverons des morales et des pulsions comparables.
Les plaisirs sont les mêmes, les fruits pressés et le sourire d'un ami, partager son repas et voyager un peu plus loin à chaque fois que l'on sort de chez soi.

Il est certain que le mode de vie, la perception et le Karma à l'indienne bouleversent nos habitudes. Mais au final nous recherchons tous la même absence de quotidien ou de ne pas être malheureux. Et justement, les barrières de l'occident sont à comprendre en défaut d'histoires. Nous avons été terrassés par des contes et des légendes absurdes à propos du monde. Libérons nous de nos illusions. Car il n'est pas dangereux de se promener comme nous avons la chance de pouvoir le faire. Allons voir ailleurs ce qu'il s'y passe et revenons changer notre maison. Arrêtons de rejeter tout ce qui nous gêne et travaillons à vivre avec plaisir et sans trop d'excès. Acceptons d'être simple pour ne pas être violent. La consommation est un choix. L'amour du partage en est un autre...

J'ai quand même un soupçon de méfiance qui persiste à me travailler la tête en ce qui concerne la manière dont tourne le monde, et pas seulement ici, et en Inde aussi. Les gouvernements sont-ils constitués des plus inhumains d'entre nous ?
Je crois connaître la réponse. J'attends d'être surpris. Mais franchement, si un jour nous avons l'occasion de voir une nation réellement gouvernée par son peuple, là je crierai victoire à la révolution !

Il y a cette connection à laquelle nous sommes sensibles. Ces synapses électriques, comme celles d'un seul cerveau, mais qui parcourent le monde entier à la recherche de liens entre humains. La nuit elles sont visibles. Nous sommes notre planète, car vue du ciel, elle nous ressemble. Seulement, nous ne sommes pas mis au courant de comment rentrer en contact. Il faut que nous fassions quelques efforts pour traverser les murs que les dirigeants, les armées et les richesses matérielles élèvent comme des oeillères autour de notre regard.
Les gens sourient moins facilement de notre frontière. Ils n'osent pas regarder dans les yeux, jauger le bon et le mauvais regard. L'échange est plus facile en Inde. Mais nous avons du chemin et déjà beaucoup sont en route. Nous ouvrons les yeux, doucement.

En attendant, continuons de gagner confiance en nous et de croire en notre dieu unique, qu'il soit religieux, spirituel ou de l'ordre d'une neo-science, ce dieu qui gouverne à la fois nos coeurs et nos pas, l'Amour tout puissant de notre âme, notre volonté d'aimer, et notre bonheur d'être aimé.

Circuit imprimé
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