Tchad
Carnet de voyage au Tchad
Alors que je terminais ma formation d'institutrice en 1969, je devais rejoindre mon mari volontaire pour le service national à Bongor.Or,en saison des pluies, les VSN étaient tous rapatriés sur Fort-Lamy (aujourd'hui N'Djamena).La situation étant très troublée, beaucoup de contrats avaient été supprimés.Je ne connaîtrai du Tchad que Fort-Lamy durant ces deux mois de vacances qui ont été dans les plus dépaysantes que j'aie connues.





Le 15 janvier 2013
Fort-Lamy
Ma première image du Tchad, c'est celle de ma descente du DC10 qui m'a emmenée jusqu'ici. Une chaleur étouffante montant du tarmac au petit matin, l'air tellement plus clair et là-bas sur la terrasse, une foule de gens très serrés parmi lesquels je reconnais difficilement mon mari, très pâle, très amaigri après un séjour en brousse où la vie est tellement différente de celle de la métropole.La 2CV suit une route perdue dans le sable jaune ocré, qui semble plus poussière que grains .Des murs de potopote, bruns, d'une belle couleur de terre...puis nous arrivons dans un quartier très verdoyant où nous arrêtons bientôt devant une villa toute simple où nous resterons quelques jours.
Nous cherchons ensuite une "case" où habiter et nous trouvons au Béguinage un asile agréable, quoique très rustique. Cet endroit est tout simplement fabuleux!Un ancien couvent probablement, avec ses petits appartements ouvrant derrière une jolie petite loggia égayée par un bougainvillée.J'y passerai de longues heures le matin, à lire ou tricoter, en attendant le retour de mon mari.Parfois, un couple de mendiants s'arrête et psalmodie une litanie incompréhensible pour moi .Image très dure de l'Afrique qui restera ancrée en moi que celle de cette misère qui sévit ici et qui n'appartient pas encore au quotidien de notre vie de pays riche d'alors.Mes emplettes au Printania, le seul grand magasin de l'époque, me sont insoutenables.Il me faut m'habituer au franchissement de toutes ces formes qui se traînent sur le sol, difformes, estropiées, rongées par la lèpre.
Peu à peu, je m'acclimate et je prends plaisir à me rendre au marché, sur la mobylette de mon mari.Un jeune garçon garde notre véhicule pendant que plusieurs autres nous escortent pour tenir notre panier.
Il m'a fallu aussi quelque temps pour prendre plaisir à ce marché et en apprécier toute l'animation.Outre la foule très dense, il fallait aussi s'habituer aux odeurs, très fortes comme celle du tonneau de tripailles de l'entrée à la grande halle, d'où s'écoulait un ruisseau verdâtre très odorant.Supporter les mouches qui pullulaient sur la viande et certains fruits et légumes.Et s'éclipser d'un pas de côté pas si facile pour ne pas recevoir de gouttes de sang des quartiers de bœufs énormes portés par les vendeurs fendant la foule.J'étais loin des commerces aseptisés de mon quartier en métropole.Mais en même temps, les couleurs et les senteurs des tas d'épices, les fruits parfumés tout nouveaux pour moi, c'était un autre monde!
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