Oulan Bator : Longitude 106°E

on the world againUn récit/album du carnet de voyage :
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En ayant envisagé le transsibérien comme un simple trait d'union entre l'Europe et l'Asie,je vis là,la première frustration de mon périple...
C'est vrai que prendre ce train de légende est déjà un voyage dans le voyage..
Mais moi qui croyais que les haltes sur ce long parcours me permettraient surtout de couper un peu la langueur et la monotonie du trajet,je réalise que non seulement rien n'y est languissant ni monotone,mais qu'en plus ces arrêts me font découvrir des lieux insoupçonnés et d'une beautė telle que je regrette déjà de ne pas pouvoir m'y attarder plus longtemps encore..
Car tous mes tronçons en train sont déjà réservés depuis Moscou,au vue de la complexité et de l'incertitude de pouvoir les obtenir au fur et à mesure.
D'autant plus qu'en cette période ou se cumulent ici aussi les congés,le début de l'été et la grande fête du Naadam à Oulan-Bator,les trains sont pris d'assaut.
Je n'ai donc pas d'autres choix que celui de suivre le rythme de mes billets en ayant la certitude de vouloir revenir marcher sur le lac baïkal gelė en plein hiver et découvrir plus en profondeur la Mongolie qui m'a littéralement subjugué pour le peu que j'en ai vu....
Car oui, ce que je pressentais avant même mon départ se révèle déjà comme une évidence...
Entreprendre un tour du monde en un an,c'est de la folie!!!
Je l'affirme et le confirme c'est bien trop court...n'en déplaise à certains!!
Je suis bien conscient cependant de cette exceptionnelle opportunité de voyage et j'en apprécie déjà pleinement chaque instant, je vous rassure...

Je quitte Irkoutsk qui réserve finalement quelques belles surprises architecturales et qui est surtout l'occasion pour moi de pouvoir assister à de magnifiques chants religieux dans quelques églises et cathédrales à m'en donner la chair de poule..
Faut dire qu'en Russie,à part peut être à Moscou,trop touristique et trop fréquentée par les étrangers je crois,les femmes doivent impérativement se couvrir les cheveux quand elles entrent dans des lieux de culte,et tous y pratiquent leur religion avec une ferveur et une intensité peu commune de nos jours...
Alors qu'en la chorale s'y met c'est le bouquet!!

Et me voilà de nouveau bercé par le doux tangage du train à regarder défiler ces paysages qui n'en finissent plus de s'étirer sur des kilomètres de terres vierges de toute présence humaine..
Je partage cette fois-ci mon compartiment avec un couple d'hollandais et une ukrainienne avec lesquels je passe un voyage très plaisant ou l'on rit beaucoup jusqu'au passage de la frontière russo-mongole...
Car si l'entrée en Russie est difficile et peu aimable,en sortir l'est plus encore !!
Arrivé au poste frontière le train stoppe.
Il faut alors ranger complètement le compartiment,pas même une bouteille d'eau ne doit rester sur la petite table d'appoint.
Les sacs et valises doivent être eux tenus à disposition des autorités.
Les toilettes sont fermés,plus aucun va et viens dans le couloir n'est autorisé et chacun se doit de rester scrupuleusement assis à sa place attitrée.
Et là une longue et interminable attente commence,ponctuée par un balais de policiers et de douaniers tous aussi charmants les uns que les autres...
Et quand ils se décident enfin à contrôler nos passeports ils ne font pas semblant !!
Il faut se lever,pieds joints,mains croisées dans le dos et ne pas sourire.
Le douanier épluche alors ton passeport,te le colle sous le menton et alterne maintes fois son regard entre le tien et ta photo avant de t'autoriser à te rassoir.
Ils repartent,reviennent avec les chiens,repartent encore...
Ce petit jeu va durer plus de 3 heures avant que le train ne s'ébranle enfin mais pour ne parcourir que 500 mètres!!
Les wagons ne passant pas la frontière sont alors détachés si bien que quand on a enfin la permission de descendre du train on constate qu'il ne reste en fait plus que 2 wagons à quai et sans locomotive!!
Après encore une bonne heure d'attente,mais cette fois-ci hors du train,on est prié de remonter à bord pour la restitution des passeports.
Et enfin,dans une grande secousse,un train mongole vient de s'accrocher à nos 2 wagons pour nous sortir de ce carcan qui aura duré plus de 5 heures!!
Tout le monde exulte de joie et applaudit !!
Les mongols sachant certainement ce que les russes nous ont fait subir,leur contrôle pour pénétrer dans leur pays ne sera qu'une simple formalité réglée en moins d'une heure.

Coincée entre 2 géants,avec la Russie et la Chine comme voisins,la Mongolie tente de se défaire de cet oppressant régime communiste auquel elle a été soumise bien malgré elle..
Des moches empruntes architecturales notamment de cette époque sont d'ailleurs toujours bien visibles à Oulan-Bator.
Cette ville pourtant ceinturée de montagnes est plutôt sale,bruyante et embouteillée.
Ici se côtoient d'immenses et hideux ensembles d'habitations à la soviet avec de flambants buildings ou des temples bouddhistes..
Mais la richesse et la beauté de ce pays est bien en dehors d'Oulan-Bator.
C'est en allant vers l'Est à 3 heures de la capitale que je découvre un de ces trésors...
Celui d'un monde ou les notions de temps et d'espace n'ont plus de limites..
Celui d'un mode de vie des derniers nomades qui vivent encore au rythme de la nature et de leurs troupeaux dans de vertes steppes infinies...
D'ailleurs difficile d'imaginer que ces paisibles mongols sont les descendants du grand Gensis khan et de ses hordes de cavaliers lancés à la conquête du monde.
D'une vie exclusivement nomade ils ne pratiquent en fait plus qu'aujourd'hui pour la plupart qu'une transhumance en hiver pour revenir aux beaux jours dans ces splendides vallées verdoyantes s'installer avec leur ger (traduisez yourtes) et tous leurs troupeaux et y'en a....
Vaches,brebis,yaks,chevaux...tous en libertė dans ces immenses paradis terrestres.
Mais vivre dans un tel environnement n'est pas non plus de tout repos.
Chaque journée est dictée par son lot de contraintes.
Ainsi 2 fois par jour il faut traire les bêtes,quand pour la jument ça peut aller jusqu'à 5 fois..
Déplacer les troupeaux dans les steppes les plus herbeuses.
Aller chercher l'eau dans les puits ou les rivières voisines.
S'approvisionner en bois pour cuisiner et se chauffer.
Entretenir les yourtes.
Tondre les bêtes et les marquer..
Et surtout et avant tout,en ce moment,préparer les meilleurs chevaux pour la grande fête annuelle du Naadam en juillet avec 3 disciplines phares dans ces olympiades mongoles,
Le tir à l'arc,la lutte et la course de chevaux..
Alors autant vous dire que dans la quiétude cet étonnant silence des steppes,seuls résonnent les sabots des chevaux lancés au galop par des gamins qui,tels des centaures,semblent ne faire plus qu'un avec leur monture qu'ils entraînent comme de vrais sportifs de haut niveau.
La séance commence par des tours de chauffe au pas qui vont s'accélérer ou ralentir au rythme des chants des enfants pour finir par de véritables hurlements quand ils se lancent dans de grands sprints en cravachant tant et plus leurs montures qui semblent,elles,prendre moins de plaisir qu'eux a cette course effrénée..
Et quand les gosses ont fini de "jouer" les adultes prennent le relais pour un entraînement sans cavalier mais à l'assaut des collines les plus abruptes que doivent gravir ces étalons,la encore sous les cris de motivation de leur maître qui ne cesseront qu'une fois le sommet désigné atteint.
Et après encore un petit quart d'heure de marche au pas les bêtes peuvent enfin souffler un peu jusqu'à la séance du lendemain.

C'est donc avec un plaisir indescriptible que j'ai pu partager pendant quelques jours le quotidien de ces nomades et vivre dans un tel environnement procure une sensation de bien être et de plénitude rarement égalée...
Alors si j'apprécie la ville pour ce qu'elle a à voir et à prendre je lui préfère bien plus la nature pour ce qu'elle a à vivre et à donner.
D'où ma légère frustration de devoir déjà reprendre la route,moi aussi nomade pour un temps.
Ma prochaine destination via le transmongolien étant Pékin...

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benjo13Auteur : Postée le 15 juillet 2014 par benjo13
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Commentaires
Matinale le 18 juillet 2014 à 01:18

Superbe. Bravo.

Rémi V. le 19 juillet 2014 à 13:15

Il faut absolument que je sache une chose : est-ce que le yoghourt est excellent à boire sous une yourte ou bien sur le dos d'un yak ? cette question existencielle me hante depuis des decennies !!! Non , plus sérieusement, merci pour cette bouffée d'air frais et pleine des senteurs de là bas que mon imagination me laisse entrevoir fortes et assez musquées !....Sois bien sage et respectueux de tous ces policiers et douaniers frontaliers! un séjour dans une géole éloignée serait certainement moins ennivrant que celui passé sur un plateau mongol dans une yourte .
Pour moi également j'aime à imaginer la beauté et l'envoutement ressenti à écouter ces chants religieux plein de ferveur dans ces églises orthodoxes ...
Benjo, merci, on voyage vraiment avec toi !

Beauvallon le 19 juillet 2014 à 17:28

Mireille et Gilbert,
Depuis Londres, nous suivons avec grend intérêt le récit très vivant de ton parcours.
Attendons avec impatience la suite que nous te souhaitons aussi enthousiasmante. gros bisous

Rémi V. le 20 juillet 2014 à 08:41

Je voulais écrire "existentielle" bien sûr !!!!

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