La retirada : 70 ème anniversaire ,février 2009
Carnet de voyage dans le Languedoc-Roussillon

Voyage dans le temps: il ya 70 ans, les républicains Espagnols, sous la mitraille de l'armée Franquiste épaulée par l'aviation Allemande et Italienne,(Hitler et Mussolini)doivent battre en retraite après 3 ans de combats et de résistances acharnés.
Le chemin de l'exil s'enfle des patriotes et populations qui fuient le fascisme emportant leurs baluchons et leur peine .
L'horizon d'un ailleurs possible passe alors par les Pyrénées, via la frontière avec la France au niveau de Port-Bou,Le Perthus,Latour-de-Carol entre autres.
Las, c'est un nouveau chemin de croix qu'ils vont connaitre.
Rejettés, méprisés, ils seront parqués dans des camps de fortune et d'infortune disséminés sur tout le territoire. Dans la France d'avant Pétain, lescombattants recensés comme les plus dangereux-terroristes,communistes,anarchistes..-seront internés et traités comme des ennemis.
Ce carnet comprend deux étapes: Argelès et Collioure





Le 06 juillet 2009
Argeles,rendez vous à la plage
10 Heures , ce matin là le rendez vous pour les enfants ou proches et amis se tient aux abords de la Mairie. Nous sommes venus de tous les départements suite à une bonne communication sur le sujet et à l'association qui impulse ce travail de mémoire autour des Républicains Espagnols internés en France après avoir du fuir Franco.
Nous formons ensuite un défilé pour rejoindre et emprunter à notre tour le chemin des exilés . Ce chemin va nous conduire à la plage d'Argeles ou dans des conditions très sommaires furent parqués hommes , femmes et enfants.
Fils barbelés, baraques et gardes armés pour les surveiller et les humilier aussi..
Les réfugiés se transforment en taupes ,creusent le sable pour s'abriter du vent, entre autres .
Une nuit, un coup de mer un peu plus violent que d'habitude , en emporte quelques uns, 12 enfants périront noyés.
Ils reposent au cimetière des Espagnols devant lequels nous sommes passés chemin faisant..Il y a eu aussi une prise de parole et un moment de recueillement pour tous ceux , anonymes ou non,pour qui la route s'arreta là (las).
Arrivés à la plage ,une borne est inaugurée : elle marque l'emplacement de la limite nord de ce camp ou s'entassèrent plusieurs dizaines de milliers, jusqu'à 100 000 , d'etres humains déjà si lourdement éprouvés par leur exil et la chute de la République sous les bombes fascistes.
C'était émouvant de se retrouver sur leurs traces et désolant aussi de mesurer le mépris, le rejet qu'ils ont subi.
Pas moins de 440000 personnes avaient franchi la frontière en une douzaine de jours, entre le 28 janvier et le 9 février 1939. Il s'agissait de soldats d'un régime légal et d'une foule de civils terrorisés par les bombardements aériens, l'annonce de la famine et la peur de la répression.
Je vous renvoie sur la lecture d' un ouvrage: CAMPS du MEPRIS,des chemins de l'exils à ceux de la résistance 1939-1945;auteurs:GRANDO, QUERALT et FEBRES.Edition trabucaire.
Et termine en citant un extrait de sa préface:"...Car, si la France leur avait "malgré tout sauvé la vie" en ouvrant sa frontière, elle s'était conduite en maratre, les gestes de solidarité étaient venus des personnes: un regard, un sourire, une cigarette, rarement des institutions. Rien d'étonnant à ce qu'un tel régime ait été emporté un an et demi plus tard par le vent e l'Histoire sans avoir été défendu." Mr BENNASSAR, Professeur d'Histoire,Université de Toulouse-Le Mirail.
Autre source, géniale , le site de Pédro ouvert en juin 2008
Lien : http://argeles 1939.com
Collioure,une si jolie destination
" Ce dimanche 22 février est le 70ème anniversaire de la mort de Antonio Machado. Chaque année, depuis un quart de siècle maintenant, la"Fondation du prix internationnal de littérature A.MACHADO"organise un hommage à la mémoire de celui qui, représentant au plus haut niveau les lettres espagnoles, préféra partager avec son peuple un exil qui devait le conduire en quelques jours au cimetière marin de Collioure."
(Don MACHADO est arrivé en train à Collioure dans l'après midi du 29 janvier 1939 et résida à l'hotel Bougnol Quintana situé à proximité de la gare).
C'est donc autour de l'hommage au poète que se sont organisées les diverses initiatives ce jour-là.
Ayant posé mon sac pour ce week end dans les ruelles du quartier du FAUBOURG, j'étais à pied d'oeuvre pour les suivre au mieux.
Je me suis rendue sur la tombe, peu après le moment du recueillement, l'émotion était encore palpable. Mais aussi la satisfaction de pouvoir se retrouver en ce moment important, à la fois collectif et intime.
Le chanteur Paco Ibanez était là, avec toute sa simplicité et sa bonne figure. Il a accepté a plusieurs reprises de se faire tirer le portrait avec des familles, des groupes. Sourires radieux et émotion pour ceux de sa génération comme pour les plus jeunes.
L'après-midi, nous avions rendez-vous au centre Culturel pour assister au spectacle: "La retirada...à mi abuela" de Sandra Diaz. Une mise en scène avec chants, danse, musique, autour de l'exil de sa grand-mère et un hommage à tous les réfugiés espagnols.
Vraiment un beau spectacle, de qualité, étonnant et qui a séduit tout le public, la salle était comble.Tout était conté en Espagnol et en Catalan ce qui n'a fait que rajouter au charme.
Collioure avait accueilli le plus grand écrivain espagnol ,ses obsèques civiles -à sa demande -"ont été d'une grande simplicité à l'image de sa poésie et de sa personne." En présence des habitants de la cité mais aussi de nombreux intellectuels espagnols, des représentants de la République Espagnole(ambassade, consulat), du Maire de Collioure, Mr BANYULS .
Ceux qui portèrent le cercueil furent 12 soldats de la deuxième brigade de cavalerie de l'armée Espagnole ,enfermés au chateau de Collioure et autorisés pour la circonstance à rendre les honneurs" à celui qui avec sa plume,avait lutté à leur coté".
Car en effet, le chateau royal fut, entre Mars et Décembre 1939, le premier camp disciplinaire dénommé "centre de regroupement spécial". Pas moins d'un millier de réfugiés -miliciens,civils et anciens brigadistes internationnaux- jugés dangereux , passeront par ce camp. Isolement, travaux forcés, privations, humiliations seront le lot quotidien de ces hommes courageux et plus libres à jamais que leurs bourreaux.
Références:
Antonio Machado,le chemin vers le dernier voyage.Ed.Mare nostrum ,de M Alonso et A Tello
Les séquestrés de Collioure.Ed.Mare nostrum,de G Tuban
un lien: http://myspace.com/laretirda
Découvrez aussi tous les autres carnets de voyage dans le Languedoc-Roussillon proposés par les Visoterriens.