Italie du Sud et Sicile
Carnet de voyage en Italie




C'est un premier voyage. Nous l'avons effectué en camping car, mais cela n'a pas beaucoup d'importance, c'est juste un moyen commode pour le transport et l'hébergement.
Nous avons ainsi pu parcourir les Abruzzes, les Pouilles, le Basilicate, la Calabre et la Sicile.
Ce carnet est présenté jour après jour, mais rassurez vous, je ne donne pas l'heure du lever ni le menu de midi. Juste quelques impressions, un récit de quelques situations qui m'ont plues ou amusées, si possible des ambiances et des coups de coeur.
Les photos sont de qualités inégales, mais en général là pour illustrer un propos, à défaut d'être un artiste.
Bonne lecture





Le 05 décembre 2008
DE PESCHICI A BARLETTA
La Foresta Umbra : une magnifique forêt, pleine d’arbres. Oui, mais par n’importe lesquels, une magnifique hêtraie, une forêt sombre, chaque fût de hêtre disputant la place à son voisin, et des troncs si gros que deux personnes ne peuvent les enlacer (deux personnes normalement constituées, il s’agit de nous quand même!)
Faut- il payer son parking à Monte San’t Angelo ?
Certes oui, normalement ! Nous, on a trouvé le mot qui règle les problèmes de parking : GUASTO (en panne). Quand le parkman vient pour qu’on lui verse son obole, nous crions en chœur guasto, guasto. Ça fonctionne bien. Ah ! La magie des mots !
Sant’Angelo est jumelé avec le Mont St Michel. Il s’agit bien du même archange ; la preuve, il a laissé les mêmes traces
Peut-on prendre des sens interdits en Italie ?
Certes non, normalement. Une fois qu’on s’est emmanché par erreur dans le sens interdit, j’ai cherché à faire marche arrière. Maryse m’a dit : »t’as qu’à faire ça à l’italienne ». Donc marche avant et qui était au bout de la rue ? La Polizia. Et que croyez- vous qu’il se passât ? Une petite leçon avec plein de gestes ponctués de BOUM et nous on a trouvé un autre mot magique : en chœur nous crions Peugeot, Peugeot, car le garage est juste derrière et que nous, on roule en Peugeot : Qué Peugeot ? Fait le policier donneur de leçon en se retournant et mettant son couvre chef vers l’arrière. Et alors là, grandiose. Tous les policiers présents sortent de la voiture et se jettent en travers de la route, bloquent toute la circulation et nous permettent d’accéder au garage Peugeot. Papiers s’il-vous-plait, ça ne doit pas se dire, ni descendez du véhicule. Ah ! La magie des mots !
Nuit : Lungomare de Barletta
DE BARLETTA A BARI
Sommes passés par Trani. On sent déjà plus le sud : les motocyclistes roulent plutôt sans casque, ou alors avec une petite galette, qu’il convient de ne pas attacher pour être à peu près mode !
Superbe cathédrale
Décorée avec de jolis petits éléphants : nous approchons de BARI.
A Bari, on a dormi à l’hôtel (chut !!!)
C’ETAIT GENIAL
DE BARI A LAMANDIA
La côte Adriatique, puisqu’on y est toujours.
Un petit remerciement et une pensée émue pour les maisons Lotus et Kleenex, qui ont su mettre en place l’ingénierie nécessaire à l’absorption des larmes d’un futur Tsunami.
A la maison Sopalin également, qui a préparé le terrain en vue d’un grand nettoyage.
Note spéciale à la maison Durex, pour son action de préservation de la côte.
Et bien sûr, grand prix du jury à l’ensemble des entreprises de bières et eaux minérales, pour les jolies balises qui nous permettent de nous y retrouver.
Sans toutes ces entreprises, la côte Adriatique ne serait pas ce qu’elle est !
Les champs (vergers ?) d’oliviers ne nous quittent pas depuis que nous sommes dans les Pouilles. Ces arbres vénérables et tortueux, parfois millénaires, coupés mille fois et mille fois repoussés sur eux-mêmes, vivent encore, froissés, torturés.
Mille ans, vu de ma fenêtre, c’est presque une vie éternelle : Brrrrr !
Eh ! Romane et Arthur. Un olivier tête de mort ! Au bout de l’Italie, au fin fond des Pouilles, à peine mille ans ont été nécessaires pour que la mode arrive.
Nuit : A Lamendia, au bord de l’eau, près de la tour génoise
DE LAMENDIA A MARTINA FRANCA
VIVE LA MARIEE !
C’est vrai qu’ils ont eu un peu de mal à s’extirper de la FIAT 500, mais au pays des Stroumpfs, il n’est pas facile de rouler carrosse. Nous sommes à Alberobello, pays des trulli, ces drôles d’habitation dont est parsemée la région.
Vue d’ensemble du village Stroumpfs d’Alberobello
Il y en a partout, plus ou moins sophistiqués, mais en tout cas superbement entretenus, patrimoine de l’Unesco oblige (enfin, on espère !). Voilà, avec un olivier et un figuier. Imaginez une terre un peu plus rouge et quelques amandiers et vous êtes dans la magnifique vallée d’Itria.
A Locorondondo, il s’est passé plein de choses. Petite ville très agréable, centre historique bien entretenu. Un point d’accès internet à la bibliothèque, un autre au Pro Loco (genre de syndicat d’initiative que l’on retrouve un peu partout), nous y passons trop de temps et nous voici contraint de chercher notre campement de nuit ! Donc c’est n’importe où au bord de la route et évidemment on dort mal.
DE MARTINA FRANCA A LECCE
L’avantage, c’est que le lendemain, à Martina Franca, on n’a pas fait grand-chose, mais on l’a fait de bonne heure.
Martina Franca, c’est notre première étape sur la route du baroque. :
On en trouve évidement beaucoup sur et dans les édifices religieux, mais bof ! En gros ça donne ça
Par contre, exprimé sur les balcons, c’est autrement sympa
Quelques nouvelles du temps ? En bref, parfois couvert, parfois très beau, en tout cas 24° la journée et 22° la nuit. Pour l’instant, rien à dire.
Nuit : San Cadaldo, le Lidomare de Lecce
DE LECCE A PORTO BADISCO
Etape incontournable, la visite de Lecce. Bon, je vous l’épargne, ça n’était que modestement intéressant. Beaucoup de monuments ou œuvres d’art sont dans un état assez pitoyable, et en cours de restauration, donc bâchés. Les paris sont engagés entre savoir qui de la restauration ou de la dégradation l’emportera. A ce que nous avons vu, le deuxième fait pour l’instant la course en tête.
Les étudiants sont mécontents à Lecce et ils le font savoir.
Il s’agit probablement d’une manifestation antifasciste. Même sans comprendre l’italien, on le voit bien : les bras se tendent de la pointe des doigts vers l’épaule et non pas l’inverse.
Ils manifestent juste derrière l’amphithéâtre dans lequel les fauves sont toujours prêts à bondir.
Evidemment, énormément de monuments, mais nous vous en faisons grâce. Juste la photo qui suit, et qui nous semble être un bon résumé : un baroque léger, celui de Lecce, et une pierre d’un blond rosé qui adoucit beaucoup les quelques extravagances du baroque.
Allez, ça suffit pour Lecce.
De passage à Otrante, nous avons surpris deux croque-morts et trois bonnes sœurs derrière l’église. Et alors ?
Otrante, vraiment très bien, ville assiégée et prise par un peu tout le monde au fil du temps. Chacun y a rajouté sa pierre, en complément de ce qu’avait fait le précédent, mais dans son style. Parfois curieux ! Ici encore la pierre est belle.
Nuit : Porto Badisco, beau terrain juste à la sortie du village
DE PORTO BADISCO A SANTA MARIA DI LEUCA
Cette fin de territoire du Salento est une vraie merveille. Difficile de s’en rendre compte et les photos ne sont pas d’un grand secours. Essayez d’imaginer….
Prenez une terre un peu hostile, comme un Larzac de chez nous débarrassé des militaires et de J.Bové. Non, surtout n’enlevez pas les pierres, il faut juste un peu les ranger, par exemple en muret. Dès que vous avez dégagé une parcelle suffisante, plantez un olivier et… recommencez.
Rajoutez-y pour moitié quelques cactus et autres figuiers de barbarie. Pensez bien à faire passer une route et mettez la mer ionienne le long de cette route. Oui, avec une corniche, c’est plus joli et des eucalyptus pour que ça sente bon. Voilà, vous y serez dès que vous aurez rajouté quelques tours pour surveiller tout ça ; génoises, si possible avec un port ou deux.
Comment, vous suggérez une tempête avec de grosses vagues qui s’éclatent sur les rochers ? Excellente idée. Et voilà ce que ça donne ! Le tout sur une petite centaine de kilomètres.
En route nous sommes tombés baba devant une espèce endémique de chêne, à grand ramage. Celui de cette photo aurait 700 ans !
A Santa Maria di Leuca, la basilique Santa Maria de Finibus Terrae nous signale que nous n’irons pas plus loin. Saint Pierre aurait prêché ici, en arrivant de Palestine. Un petit remerciement pour la traversée, son nom ne prête pas à la flottaison.
Ici, c’est la zone de résidence secondaire des habitants de Lecce. Le style baroque en vogue à Lecce est ici délaissé, et toutes les imposantes villas sont en style néo quelque chose, pas toujours très bien identifié
DE SANTA MARIA DI LEUCA A GALLIPOLI
Ouf ! Ce matin le temps s’est remis au beau. Voilà enfin un vrai port de pêche. On y a même trouvé des moules : ici, quand vous en prenez un kilo, on vous les sert encore attachées à leur bouchot. Vous avez donc les moules et la ficelle !
A midi, petit restaurant sur les remparts, au bord d’une eau magnifique. Au menu, poissons et poulpes frits et marinés, puis orechiette alla cima di ripa (pâtes aux pousses de navet). Excellent !
A gallipoli, sur 26 monuments répertoriés et prêts à être visités, 18 sont des églises. On laisse tomber.
Bon, je vous laisse, j’ai des moules à préparer maintenant !
OUPS ! Euh…. Baroque non ? (vous pouvez regarder, il n’y manque pas une dent)
Nuit : Dans un village près de Nardo
DE GALLIPOLI A MASSAFRA
A Salice Salentino, la réputation est fondée sur le bon vin. Nous avons donc cherché la coopérative, s’il en existe une. En Italie, il faut chercher Cantina Sociale. Ça fait un peu soupe populaire, mais c’est là que ça se tient. Je ne suis pas sûr d’être jamais très emballé par les fleurons de la viticulture italienne. Peut-être le temps…
Depuis quinze heures, la ville de Massafra était trop calme. La chaleur moite et visqueuse comme une huile d’olive extra-vierge (première pression à froid) de ce premier novembre semblait avoir convaincu chacun de ne plus bouger. Un frémissement s’est fait sentir vers seize heures et quelque chose d’indéfinissable s’est mis en route. La grande convergence de tous les habitants de la ville, jeunes et vieux, en famille ou seul, vers le cimetière. Pas une procession, non, ni une manifestation, il n’y a pas de mot d’ordre, mais juste un instinct sûr qui envoie chacun vers le cimetière, comme un saumon remonte la rivière qui l’a vu naître pour y mourir. Les autorités connaissent bien ce type de migration : tout était prêt, routes bloquées, uniformes partout aux entrées du cimetière, etc…
Les morts de Massafra vivent au cimetière dans la même promiscuité que les vivants meurent en ville, séparés par les deux mètres de leur balcon.
Disons-le : les cimetières italiens sont tout en mausolées, alignés comme pour la parade, et organisés en rue. Et partout dans toutes les villes, les invitations aux souvenirs des morts se font par voie d’affiche.
Existe-t-il des antennes collectives en Italie ?
Il s’agit d’une vraie question. Que l’habitat soit individuel ou collectif, chacun a son antenne. Nous le notons depuis pas mal de temps, et voilà ce que ça donne, partout, dans toutes les villes : un immeuble, quinze logements et quinze antennes (et encore, on voit mal les paraboles).
A 17 heures une magnifique tranche de thon toute frétillante nous a sauté dans les bras. Nous l’avons adoptée et la mangerons ce soir.
Nuit : prendre le long de la gravine à droite en entrant dans la ville. En montant, plusieurs rues à droite en impasse font l’affaire.
DE MASSAFRA A MATERA
Et voilà ! Nous entrons de plain pied dans la Basilicate. Oh, juste une étape avant de rejoindre la Calabre. Nous, nous nous arrêtons près d’Eboli, par modestie et pour une visite des Sassi de Matera. Ça jette !
En bas, les habitations troglodytes, habitées depuis la préhistoire et jusque dans les années 1950/70 suite à la publication du livre de Carlo Levi (Le Christ s’est arrêté à Eboli).
Au-dessus, les habitations où les occupants des Sassi ont été relogés. Tous n’estiment pas avoir gagné au change, même si leur condition de vie était à la limite du salubre. Comme quoi nul n’est prophète en son pays. Ici se trouve la démonstration la plus convaincante de ce qu’est l’ascenseur social, même s’il y a beaucoup d’escaliers. Ce site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco, comme aurait pu l’être le bidonville de Nanterre si quelqu’un s’y était arrêté, à la même époque!
L’intérieur ressemble à ça : avec un peu d’imagination, vous rajoutez le mobilier qui vous semble le mieux adapté. Attention, il y a plusieurs niveaux, creusés dans le tufo et le plafond est assez bas.
Et une porte d’entrée…
Le tout dans un cadre exceptionnel pour un touriste du 21ème siècle !
En remontant dans la ville, la messe de midi se terminait, et les rues étaient noires de monde. Le verbe est toujours haut et l’invective jamais loin, les rues sont étroites. Une ambiance sonore sans voiture et assez cours de récré.
Cette nuit, nous dormons à côté du site, dans notre grotte à roulette : on n’arrête pas le progrès, rappelez-vous, nous sommes en Italie.
Ah ! J’oubliais, journée infernale : 30°
Nuit : Parking du belvèdère, face aux sassi.
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