De Cajarc à Saint Louis du Sénégal
Carnet de voyage en Afrique
Il y a le fameux Paris Dakar; nous avons choisi de faire un Cajarc - Saint Louis du Sénégal...en visitant. 5 733 km de vrai bonheur parcourus en 10 jours.
Le 20 août 2007
De Cajarc... à Ceuta : 1647 km
Préambule :
Quelques informations, documents… sont nécessaires pour accomplir ce trajet France Sénégal.
INFORMATION IMPORTANTE DU 1/11/2008: Le Sénégal n'accepte plus les carnet ATA pour les véhicules. Seuls les passavants sont désormais délivrés à la frontière sénégalaise. Leur durée de validité est de 10 jours, renouvelables 2 fois 15 jours. Au delà de cette période, le véhicule devra avoir quitté le territoire sénégalais.!!!
FIN JUIN 2010: Le Sénégal n'accepte plus de délivrer les passavants pour les véhicules de plus de 5 ans; se renseigner impérativement pour éviter toute déconvenue.
Voici quelques éléments qui pourront aider les voyageurs qui souhaitent entreprendre ce voyage qui ne relève plus de l’exploit, mais qui reste quand même une belle aventure.
Véhicule : il doit quand même être en bon état (sic).
Seuls sont dorénavant acceptés les passavants établis à la frontière sénégalaise, leur durée de vie est de 10 jours renouvelables 2 fois 15 jours.Au delà de cette période, le véhicule devra avoir quitté le territoire sénégalais.
Pour traverser l’Espagne, veiller à posséder deux gilets fluos (obligatoires).
Au Sénégal ; il est impératif de posséder un extincteur et deux triangles: les contrôles de police sont nombreux et barbants. L'étranger est toujours contrôlé en priorité, car il est une proie financière potentielle.Il convient de toujours rester d’un calme olympien, ne pas s’énerver, rester poli et courtois : ça marche ; surtout si on est parfaitement en règle.Ne pas céder aux "sollicitations" de règlement "amiable".
Assurance véhicule : l’assurance française (carte verte signée) est suffisante jusqu’à la frontière mauritanienne. Une assurance pour transiter en Mauritanie doit être souscrite, soit au carrefour de la route Nouadhibou-Nouakchott (caravane) ; soit à Nouadhibou. Son coût est modique.
De même, une assurance doit être souscrite à l’arrivée au Sénégal. Au poste frontière de Diama, un assureur assure une permanence. Le coût est également modique. Si l’on souhaite aller en Casamance en traversant la Gambie, bien vérifier que l’assurance souscrite est également valable pour la Gambie. Le faire indiquer et tamponner si ce n’est pas le cas,(pas de surcoût).
Visa : aucun pour le Maroc (le passeport suffit) ; en Mauritanie, il s’obtient au poste frontière (20 euros). Demander un visa deux entrées pour le retour ; on évite ainsi de passer à l’Ambassade mauritanienne de Dakar. Aucun visa n’est délivré à Diama pour la Mauritanie.
Sénégal : aucun visa exigé pour un séjour inférieur à 3 mois.
Documents : carte grise du véhicule à son nom (sinon galère, même avec une attestation légalisée)
Passeport : valide 6 mois après la date du retour prévu.
Permis de conduire international (gratuit à la préfecture)
Faire une photocopie de tous ces documents, au cas où…
Contrôles de police : ils sont nombreux, plus particulièrement à partir de Tan Tan. Prévoir une vingtaine d’exemplaires de fiches d’état civil remplies : ça fait gagner du temps, d’autant qu’elles sont obligatoires, mais personne ne le signale. Voir le modèle joint en photo. A imprimer ou refaire soi même. Autant pour le retour. Attention aux contrôles radar : il y en a beaucoup, surtout aux entrées et sorties de villes.
En Mauritanie : quelques contrôles également, et les fiches d’état civil marocaines… sont acceptées !
Carburant : il est de meilleure qualité au Maroc qu’il ne le fut. Il est en outre détaxé environ 80 km après Tan Tan. Il est également détaxé à Ceuta (enclave espagnole au Maroc) ; la traversée Algésiras Maroc est également moins chère et plus rapide que par Tanger.
Conseil : prévoir des jerricans de réserve. Nous en avions 4 (80l), ce qui nous a permis de traverser la Mauritanie sans faire le plein.
Prévoir quelques casquettes, teeshirts, stylos…ça aide et ça peut remplacer les bakchish éventuels.
LE DEPART
Le 3 octobre, après avoir terminé le chargement du 4x4, et en faisant le plein au tarif français, nous avons commencé notre périple sous une pluie battante.
Kilométrage au compteur : 111 675
Après un premier arrêt à Toulouse pour acheter une glacière électrique (elle nous sera d’un grand secours dans le grand sud), nous continuons sur Andorre pour effectuer quelques achats et effectuer le plein de gas oil détaxé.
La montée vers Andorre la Vella s’est déroulée dans un épais brouillard avec un froid de canard correspondant.
La descente coté espagnol a été plus tranquille. Peu de véhicules jusqu’à Lerida. Nous avons dormi tardivement cette première nuit après Zaragoza.
Kilométrage : 112 408 ; 733 km parcourus.
Notre objectif a été de rallier Algésiras le plus rapidement possible afin de pouvoir embarquer tôt le matin vers Ceuta.
Nous sommes effectivement arrivés assez tard en soirée et le moins que l’on puisse dire c’est que nous avons galérés pour trouver un hôtel.
Ce qui est surprenant et lamentable pour un port qui est une plaque tournante importante vers l’Afrique.
On imagine sans peine le foutoir monstrueux et les conditions d’attente lors des grandes migrations d’été.
L’achat du billet de passage, l’embarquement ont été rapidement expédiés : peu de passagers, le bateau était pratiquement vide. Il faut dire que le Ramadan nous a bien facilité les choses…
Au débarquement à Ceuta, nous n’avons pas trainé : plein du réservoir et des 80 litres de réserve. Là encore le gas oil était détaxé…
Kilométrage : 113 322 ; 914 km parcourus.
Voir le récit avec photos et commentairesDe Ceuta à Taounate... 301 kms
Direction le Maroc : peu de monde au poste frontière marocain. Malgré tout la rapidité n’était pas au rendez vous, mais nous n’avons pas subi de tracas particuliers.
Dès la sortie, nous avons pris la direction du Rif par Tetouan pour Chefchaouen, où nous avons littéralement été conquis par la splendeur de cette ville.
Nous avons fait une halte dans un restaurant (camping) sur les hauteurs, ce qui nous a permis d’avoir une vue imprenable sur la ville.
Nous étions quasiment seuls : toujours le Ramadan, et le gérant –qui est également guide de montagne- nous a réservé un accueil très sympathique en préparant notre premier tagine vraiment succulent, que nous avons dégusté sous la tonnelle couverte de vigne.
Nous avons repris la route de montagne à travers le Rif, où les paysages somptueux nous attendaient.
Les vendeurs de hasch aussi d’ailleurs, et nous avons été vraiment surpris par leur nombre : un tout les 50m ! Ils nous sifflaient au passage en nous montrant les paquets d’herbe, sans se cacher le moins du monde.
Nous avons connu un petit moment d’inquiétude quand nous avons été « encadrés » par 2 mercedes, peu avant Ketama, remplis de "vendeurs" qui nous ont forcé à ralentir pour essayer de nous obliger à acheter, mais finalement ils n’ont pas trop insisté. L’imposant 4x4 a du les dissuader sans doute…
Ce qui est paradoxal, c’est que nous n’avons pas vu de policiers…
La traversée des villes et des villages a été impressionnante : pratiquement tous les véhicules était des "mercedes" pratiquement neufs (fourgons, tourisme, 4x4) : un vrai salon de l’auto. Nous n’avons pas osé sortir l’appareil photo pour immortaliser ces expositions dédiées à Mercedes.J'ai volé quelques vues avec mon téléphone portable, plus discret...
Le laxisme nous laisse rêveur : si le cannabis est officiellement interdit, il est tout à fait omniprésent partout; il fait partie de la vie locale et de l’économie de la région et nous avons le sentiment que les autorités laissent faire.
En sortant peu à peu du Rif, le Maroc traditionnel a repris son vrai visage.
Notre première nuit marocaine aura lieu dans la petite ville de Taounate. Kilométrage : 113 623 ; 301 km parcourus.
L’arrivée fut tardive et un hôtel simple et correct (le New York!)nous fut indiqué par un policier très sympa. Trouver un restaurant qui sert à manger en cette période de Ramadan fut un peu plus laborieux. On s’est quand même régalé d’un bon poulet frites abondamment arrosé de Coca dans un "café-bar". L’ambiance à la terrasse était animée et exclusivement masculine...
De Taounate à Beni Mellal 402 kms
...Juste avant de partir le lendemain matin, par l’odeur alléchés, nous avons pénétré dans le fournil d’une pâtisserie jouxtant l’hôtel où on nous a gentiment préparé quelques croissants, pains aux chocolat et autres pains au raisins tous chauds.
Il convient de dire que pendant la période de Ramadan, c’est une vraie sinécure car il est quasiment impossible de trouver un restaurant ouvert dans les villes ou villages non touristiques. On se contentera souvent de « puiser » dans nos réserves et de casse crouter sur le bord du chemin…
Enfin, nous voilà à Fes, où nous sommes arrivés par les hauteurs qui surplombent la ville. La vue d’ensemble de la medina est vraiment magique.
Nous avons parcouru cette medina avec une impression qu’il n’y avait que nous dans les ruelles : peu de touristes et la grande majorité des boutiques étaient fermées.
Depuis les terrasses, nous avons admiré les célèbres tanneries où le travail est pénible sous un soleil de plomb... surtout en période de ramadan.
Nous avons acheté quelques paires de magnifiques babouches.
L’objectif suivant était de se rapprocher au maximum du site des cascades d’Ouzoud afin de prendre le temps d’en profiter au maximum.
Détour par la célèbre station de ski « helvético-berbère » (sic) d’Ifrane, où le Roi possède un palais. Cette ville laisse rêveur quand à l’architecture des maisons : on pourrait se croire dans les Alpes suisses… d’où l’appellation ci-dessus.
Involontairement, parce que perdus à un croisement mal indiqué, nous avons fait un crochet pour découvrir LA piste de ski avec tire fesses. Les forêts magnifiques de cèdres traversées nous ont propulsé à des milliers de km du paysage habituel du Maroc. Paysages sublimes.
Notre seconde nuitée fut donc dans la petite ville de Beni Mellal, atteinte assez tardivement, où nous avons eu moins de chance pour le dîner : rien d’ouvert à proximité. La gentille réceptionniste a quand même trouvé la possibilité de nous faire préparer une harira (soupe). Si la soupe fut délicieuse, le repas fut quand même frugal. Kilométrage : 114 025 ; 402 km parcourus.
De Beni Mellal à Marrakech ...305 kms
Après le départ tôt le matin, nous avons pris notre Nescafé (!) au bord de la route ensoleillée en terminant les pâtisseries de la veille.
Direction le Couscous d’Azad (cascades d’Ouzoud). Ce lapsus de Manu nous aura fait rigoler un bon moment en admirant le paysage époustouflant qui se déroule au fur et à mesure des km.
Après avoir garé le véhicule dans un parking (obligatoirement)gardé, nous voici partis à la découverte de ces fameuses cascades qui se rejoignent à pied en descendant un sentier ponctué de plusieurs volées de marches.
Le spectacle qui s’ouvre à nous est somptueux : malgré cette fin d’été, les chutes sont assez fournies. Elles sont d’une centaine de mètres.
Au pied des cascades, la vue est magique : elle prend place sur plusieurs dénivellations et sous cascades qui descendent dans la vallée, dans des gorges assez encaissées.
Là encore, nous avons été (agréablement) surpris : peu ou pas de touristes, alors que les étals, boutiques et autres restaurants qui sèment le parcours laissent présager une affluence record durant la saison.
Nous avons posé notre sac dans un restaurant pourvu de lit de repos, avec vue imprenable sur les cascades proches qui n’ont pas empêché une sieste salvatrice après avoir dégusté un tagine qui avait mijoté sur des feux de braises toute la matinée.
Pendant notre sieste, des singes sont venus se servir en fruits. Nous avons réussi à en capturer quelques uns avec notre appareil photo.
Plus tard dans l’après midi, c’est avec regret que nous avons quitté cet endroit enchanteur pour rallier Marrakech où nous sommes arrivés en début de soirée, à la nuit tombée. Kilométrage : 114 330 ; 305 km parcourus.
Si nous avons traversé et trouvé la rue de l’hotel choisi sans aucune difficulté et sans se tromper, nous avons galéré pour trouver cet hotel alors que nous étions arrêtés à 20m !
L’entrée était minuscule sous un porche et très mal signalée. Une bonne surprise à l’intérieur : les chambres ouvraient sur un jardin.
Pour Marrakech, nous n’avons pas payé cher du tout : 140 dirhams, soit environ 15 euros pour deux.
Bien évidemment, un diner sur la place Djema El Fna était incontournable. Un excellent couscous brochettes dégusté sur une des nombreuses échoppes restaurant parmi la foule grouillante et les différentes animations nous a comblé.
Beaucoup de marocains et peu de touristes…
Un tour de la place nous a permis de profiter pleinement des spectacles et de l’ambiance et d’effectuer quelques achat : figues et… clous de girofles. Manu pestera plus tard en mangeant les figues parfumées aux clous de girofles.
Cette place reste un endroit magique par cette ambiance tout à fait particulière.
Le lendemain matin, réveil de bonne heure pour aller visiter la Manara : Manu fut relativement déçu, et nous avons décidé de continuer notre route pour faire l’inoubliable parcours dans l’Atlas entre Marrakech et Ouarzazate.
Avant d’entreprendre ce trajet, nous avons durement cherché à procéder au ravitaillement en boissons – ramadan oblige-, et nous avons trouvé, assez laborieusement, une boutique caverne « Ali Baba » qui ne payait vraiment pas de mine, mais qui nous a époustouflé par la variété et la quantité des boissons alcoolisées ou non.
Nous n’avons pas molli : 3 packs d’eau et un pack de 24 canettes de bières. Nous « tiendrons » avec cette réserve de bière jusqu’à Saint Louis ! Par contre pour l’eau, nous serons dans l’obligation plus tard de procéder à d’autres ravitaillements en cours de route : nous consommerons autant d’eau que le 4x4 en gas oil ! C’était incroyable de voir à quelle vitesse les bouteilles d’eau étaient consommées.
De Marrakech à Ouarzazate...216 kms
...Après avoir quitté Marrakech, nous attaquons les contreforts de l’Atlas à petite vitesse, ponctuée de nombreux arrêts pour admirer les paysages superbes que l’on découvre à chaque virage : les couleurs varient de l’ocre le plus rouge au gris ardoise, et les villages aperçus et construits en pierre locale se confondent avec les couleurs correspondantes.
Nous aurons profité pleinement de ce trajet en mitraillant à tout va: nous aurons mis presque 5h pour faire les 150 km. Nous doublons un groupe de quads qui font ce parcours.
Quelques km avant Ouarzazate, nous avons fait un écart « tout terrain » pour aller voir de plus près les studios de cinéma, qui s’étalent sur plusieurs hectares et où subsistent encore les vestiges des décors de films tels que Astérix et Cléopatre…C’est hallucinant, car nous nous serions cru fugacement transportés en Egypte…
Nous sommes arrivés à l’hotel Zaghro, situé légèrement en dehors de Ouarzazate : magnifique hotel avec piscine. L’accueil fut exceptionnel… et le tarif aussi : 100 dhs/personne avec PDJ.(11 euros). Kilométrage : 114 546 ; 216 km parcourus.
Nous avons même eu droit à notre chambre individuelle…
Pour la première fois depuis longtemps, nous avons sorti nos bouteilles pour prendre un apéro bien mérité au bord de la piscine, admirer tranquillement et classer nos nombreuses photos sur l’ordi de Manu.
Nous avons fait connaissance avec un couple d’italiens, très sympa, fièvreux, miné par un cumul de gastro et de tourista.
Manu les a soigné à coup de Pastis sec et à coup de Dafalgan. La jeune femme a apprécié le traitement (surtout le pastis pur) : nous pensions même qu’elle allait nous chanter la Traviata…
En tous cas, le Manu’s traitement a semblé efficace, car le lendemain matin, ils semblaient aller nettement mieux !
Nous avons pris le diner en ville à la terrasse d’un petit restau : pizza pour moi et tagine ( encore !) pour Manu.
De Ouarzazate à Taliouine...425 kms
En ce matin du 9 octobre, après avoir fait le plein en Gas oil, nous allons faire un tour pour voir le fameux palais du Glaoui, bâti en terre séchée : l’architecture en étage pour ce type de construction étant assez rare, mérite d’être signalée.
La veille, nous avions décidé de poursuivre jusqu’à Zagora par la Vallée du Drâa : il eut en effet été dommage de zapper ce parcours compte tenu de l’éloge qui en est fait.
Et effectivement, nous n’avons pas été déçu : une saignée de verdure flamboyante, arrosée par le Drâa et composée principalement de palmiers datiers dans un paysage désertique.
Nous avons fait une quantité impressionnante de photos, avec un arrêt au km « tatouffe m’étouffe » où nous avons rencontré Mohammed qui a proposé ses services d’hébergement et de guide. Rendez vous fut pris avec Manu qui a promis de revenir.
Zagora : ville terminus avant le grand désert de sable du Sahara. Antérieurement, un panneau indiquait que Tombouctou était à 52 jours (de chameau)…mais à notre grand regret, il a disparu lors de la construction de l’hôtel de Région. Vraiment dommage que ce panneau mythique n’ait pas été conservé.
Après avoir pris un jus d’orange frais et désaltérant,en compagnie "d'hommes du désert" attablés à une terrasse de café, nous avons repris la route pour revenir sur nos pas, jusqu’à la bifurcation de la petite ville d’Agdez et ensuite piquer vers le sud en direction de Taroudant. La route était absolument désertique : nous n’avons croisé qu’un véhicule et doublé un camping car suisse. Une partie de cette route était en piste ce qui a permis de tester le confort du 4x4 sur ce type de terrain.
Il s’est admirablement comporté à tel point que nous avions l’impression d’être dans un « pullman », et nous avons presque regretté que cette portion soit si courte.
Arrivée et nuit à Taliouine à l’hotel Askaoun. Confort très rustique, mais accueil très chaleureux. Le système douche/wc intégré nous a bien fait rigoler : le caillebotis amovible fait toute la différence... pour ne pas tomber dans le trou. Avec un couple de français en Renault Scénic, nous étions les seuls clients.
Kilométrage : 114 971 ; 425 km parcourus.
De Taliouine à El Ouatia ( Tan Tan Plage)...524 kms
...Le lendemain matin, une fois n’est pas coutume, nous prenons le petit déjeuner à la terrasse de l’hotel car la journée sera longue…
Mis à partles chèvres grimpeuses,perchées dans les arbres,...de Taroudant, nous n’avons vu que les remparts extérieurs qui ceinturent la ville, et avons décidé de ne pas faire de stop à Agadir, que nous avons d’ailleurs évité en prenant la rocade extérieure: l'impatience d'en découdre avec le désert sans doute.
En effet, dès la route de Tan Tan atteinte –celle du grand sud, donc - l’ambiance « désert » est palpable : les véhicules sont plus rares et plus « équipés » pour les longues distances désertiques. On sent les voyageurs du désert.
Le paysage change doucement : l’espace devient plus aride, les villages se font rares, la circulation devient inexistante.
La température monte doucement mais sûrement.
Les statues de dromadaires à la porte de Tan Tan symbolisent la bienvenue dans le grand sud marocain au cas où nous l’aurions oublié.
Nous continuons notre route pour rejoindre El Ouatia (plage de Tan Tan ville), où nous choisissons de descendre à la Villa Océan, petit hotel confortable tenu par deux français, Muriel et Norbert, sympathiques et passionnés de pêche avec qui nous prendrons l’apéritif puisé dans notre stock acheté en Andorre.
Un peu de confort avant d’attaquer le vrai grand sud n’est pas du luxe. Kilométrage : 115 495 ; 524 km parcourus.
Nous serons les deux seuls clients avec deux « vétérans italiens » complètement désemparés à cause d’une casse de roulement sur une de leurs motos. La moto en panne se trouvait à 300 km plus au sud : ils essayaient de se procurer en remontant vers « la civilisation », un roulement introuvable au Maroc et avaient sérieusement envisagé de prendre l’avion à Agadir pour aller chercher la pièce en Italie et revenir pour réparer ! (glurp).
Malgré notre fatigue- et l’apéro- nous avions les idées claires et nous leur avons suggéré de demander à leur garage italien d’envoyer la pièce par DHL ou UPS – ils ignoraient totalement cette facilité- !
Un coup de fil à leur garage et l’affaire à été réglée « subito » : la pièce leur sera livrée sous 48h. Ces braves italiens avaient retrouvé leur joie de vivre « pronto » et ont même fait l’effort de se lever aux aurores pour nous remercier et saluer notre départ dans la brume. Muriel, dans un mail, nous a d'ailleurs confirmé la livraison de la pièce de rechange dans un délai record...
De El Ouiatia à Dakhla...819 kms
En ce 11 octobre, notre départ matinal a lieu dans un brouillard épais.
Nous utilisons nos derniers litres de gas oil espagnol, sachant que dans quelques dizaines de km, le gas oil marocain sera complètement détaxé (moitié prix).
A partir de Tan Tan, les contrôles de police seront de plus en plus nombreux. Les fiches d’état civil que nous avions pris le soin de remplir nous ferons gagner un temps précieux. Les policiers ou gendarmes resteront toujours courtois, et nous les franchirons sans aucune appréhension.
Le premier contrôle de police a eu lieu juste à la sortie de El Ouatia
Peu après, nous avons pris notre « jus » au bord de la route, toujours dans un brouillard épais, et nous avons continué notre bonhomme de chemin pour abreuver le 4x4 en gas oil et remplir les 4 bidons de 20l de réserve.
Le second contrôle de police a suivi de peu le premier…
Le brouillard en se levant avec la chaleur a commencé à transformer l’air en atmosphère « hammam ». Le paysage est devenu plus plat, de plus en plus aride et nous avons commencé à voir les premiers sables mêlés aux rocailles.
Les policiers du 3ème contrôle, à l’entrée de Laayoune étaient hilares : ils nous avaient pris en flagrant délit d’excès de vitesse (87 au lieu de 60km/h), ils avaient du trouver que la prise était bonne.
Nous avons plaisanté dans une humeur bon enfant, surtout quand ils ont montré leur carnet de PV et leurs prises… principalement espagnoles. Quand ils ont su que nous étions français, nous avons commencé à négocier gentiment, et toujours en rigolant ; fichtre, le pv théorique était quand même de 400 dhs.
L’ensemble a été réglé par le cadeau d’un stylo à chacun et une boite de feutres. Nous nous sommes quittés avec forces poignées de mains, sourires et claques dans le dos : les policiers auraient manifestement aimé discuter plus longuement avec nous : ils aiment les français et beaucoup moins les espagnols.
Sympa la maréchaussée dans le coin !
Arrêt à Laayoune pour faire le plein en packs d’eau. Achat d’un cheich – Manu ayant le sien-
Le cheich, accessoire « exotique » pour touriste branché, est en fait un élément pratiquement indispensable pour voyager dans le désert pour se protéger de la chaleur, du soleil et du sable.
Pour les hommes du désert, il sert également à éponger la sueur, à essuyer les verres à thé, et éventuellement comme mouchoir.
En tous cas, il nous sera vraiment d’un grand secours et d’une grande utilité quand nous rencontrerons la chaleur intense de Mauritanie.
Laayoune est une ville moderne et de garnison (beaucoup de militaires). Elle est bâtie au milieu de nulle part. On voit que le gouvernement marocain a fait un effort considérable pour attirer la population dans ce coin perdu, afin « d’occuper » le terrain.
Nous quittons Laayoune par une route à double voie ( !), balayée par un vent de sable rasant qui cessera quelques km plus loin. Le tableau de bord sera quand même recouvert de « farine » : le sable pénètre partout.
Notre 4ème contrôle de police était à 35km avant Boujdour, et le 5ème, juste à l’entrée de la ville que nous avons juste effleurée, et qui ne présente strictement aucun intérêt.
Se succèdent ensuite les paysages arides en bord de mer que nous longeons : nous apercevons souvent la mer et les falaises à pic qui découpent la côte.
Ca et là, quelques tentes ou barques de pêcheurs balayés par des vents violents et permanents. Nous saluons le courage des gens qui habitent là, sans aucun confort, pour gagner leur maigre pitance en pêchant au bord des falaises et en descendant des à pics vertigineux.
Heureusement que des bornes placées à intervalle régulier signalent le bord des falaises : nous nous sommes approchés au bord en hors piste pour prendre quelques photos dans ce paysage magnifique, où nous étions seuls au monde : peu ou pas de voitures sur des dizaines de km.
En approchant de Dakhla, quelques collines ont commencé à apparaître aux abords de l’Oued du même nom. Il est très large et ferait penser à une baie maritime.
Nous avons même aperçu une personne pratiquant le flying board ! le mec était également seul au monde dans ce coin reculé.
On a vraiment le sentiment fugace que la nature est pure et qu’elle n’appartient qu’à nous… à moins que ce soit l’inverse. En tous cas, on se sent vraiment petit, mais tout à fait détaché et loin des contraintes de ce monde civilisé qu’on oublierait facilement.
Arrêt nocturne au camping à l’entrée de Dakhla. Kilométrage : 116 314 ; 819 km parcourus
A l’origine, ce camping servait de regroupement aux candidats de la traversée de la Mauritanie par les pistes quand la route n’existait pas. Les voitures partaient en convoi avec guide, quand il y en avait suffisamment. L’attente pouvait durer plusieurs jours…Ce campement est composé d’emplacements pour tentes et autres : quelques 4x4 « équipés nocturnes » et camping cars y étaient stationnés.
Nous avons choisi de prendre une « chambre », dont la propreté était plus que douteuse. Nous avions quelques locataires indésirables, qu’il nous a fallu déloger et faire un ménage sommaire.
Une voiture de routards vraiment « roots » est arrivée peu de temps après nous.
L’accueil de Nourredine, le gérant, a compensé l’insalubrité du lieu, et nous avons même été étonné qu’il accepte de prendre l’apéritif avec nous. Nous avons palabré et reconstruit cette partie du monde pendant un bon moment.
Il nous a indiqué un restau-couscous- qui aurait pu être sympa si on avait pu se faire servir à une heure convenable. On nous a demandé de revenir dans deux heures et nous avons ...abandonné.
En lieu et place, nous avons acheté du pain et l’inévitable boite de « vache qui rit » en prévision du lendemain, et nous sommes retournés dans notre chambre pour y avaler une boite de saucisses lentilles de notre stock espagnol, « mijotée » sur le camping gaz.
Extinction des feux vers 23h30.
De Dakhla à Nouakchott...799 kms
Départ à 7h30, après avoir avalé notre Nescafé habituel. Nous laissons les routards « roots » encore profondément endormis, et quittons le camp les premiers.
En sortant de Dakhla, nous apercevons d’immenses serres qui doivent approvisionner cette ville perdue en légumes.
Nous subissons notre xième contrôle de police, vite expédié.(j'ai fini par en perdre le décompte...).
Toujours ce paysage aride, où se mêlent rocailles, herbes rares et sable. Nous continuons de suivre le bord de mer et les falaises.
Personne sur la route qui nous appartient.
De temps en temps, une station service moderne surgit au milieu de nulle part. Nous profitons de la dernière station service, 80 Km avant la frontière pour faire le plein en gas oil et bénéficier du prix détaxé.
Notre « logistique » d’approvisionnement en gas oil s’est révélée judicieuse, car depuis la France, nous avons toujours saisi les meilleures opportunités de prix en gas oil détaxé, que ce soit en Andorre, à Ceuta ou après Tan Tan.
Ce dernier plein ainsi que notre réserve nous permettrons de rallier Saint Louis sans problème, avec une marge relativement confortable.
En approchant vers midi du poste frontière marocain, nous procédons à notre propre ravitaillement en vol pour se sustenter : confection de sandwichs en roulant arrosés de bière (celle achetée à Marrakech). On ne connaît pas le temps d’attente surtout en cette période de Ramadan…
Là encore, nous avons eu le nez creux, et cela nous a permis de « tenir » le coup sans trop souffrir : bien qu’il y avait peu de monde au poste frontière, les formalités ont relevé d’un folklore rare. Des voitures arrêtés, portières ouvertes et chauffeurs dormant à même le macadam jalonnaient les derniers mètres jusqu’au poste frontière. Nous avons soigneusement doublé ces véhicules pour ne pas troubler le repos de ces gens fatalistes.
La douane fut rapidement expédiée, mais pour la police ce fut une autre histoire où nous avons eu du mal à comprendre le processus :
Nous avons remis nos passeports aux policiers qui se sont enfermés dans leurs bureaux, et au bout d’un certain temps – voire un temps certain- ils nous ont rendus l’ensemble avec… des fiches carbonnées à remplir !
Une fois ces fiches remplies, il a fallu leur rendre, et au bout d’un autre certain temps, on a réussi à récupérer le tout dans une pagaille monstre.
Comme nous l’avons appris plus tard, ils envoyaient les renseignements individuels par internet ou par radio à Dakhla et attendaient le quitus en retour !
En outre, le Ramadan et la chaleur n’incitaient pas au zèle.
Enfin, exit le Maroc et direction la Mauritanie via un no man’sland de plusieurs km (certains disent 3, d’autres 6). Cette terre n’appartient à personne. Elle est sillonnée de plusieurs traces de piste où ils convient de ne pas s’écarter et de choisir la bonne, car elle est parsemée de mines anti personnel.
Des carcasses de voitures jonchent le parcours ici et là : épaves ou voitures explosées ?
Nous découvrons un baraquement au détour d’un virage : il s’agit du premier contrôle de gendarmerie mauritanienne.
Quelques mètres plus loin, une autre baraque rustique, équipée d’une manière spartiate, avec lit de camp où officient deux gardes frontières qui nous délivrent les visas d’entrée avec rapidité et sans tracasserie : pas de queue, car nous étions les seuls impétrants.
Encore quelques mètres plus loin, la baraque des douanes, où Manu fait viser son carnet ATA du 4x4, et nous voilà partis pour rejoindre l’axe routier Nouadibou-Nouakchott.
Jusque maintenant nous avons eu une chance inouie : aucune fouille du véhicule depuis Cajarc !
Au carrefour, nouveau contrôle de police, vite expédié : nos fiches préremplies d’état civil marocaines servent ici aussi !
Nous sommes surpris par l’incroyable jeunesse et la gentillesse des policiers mauritaniens.
Nous nous arrêtons juste après pour souscrire l’assurance mauritanienne du véhicule, dans une caravane/ bureau : judicieusement placée, elle permet d’éviter le détour par Nouadibou.
Nous sommes enfin engagés sur la toute nouvelle route qui relie Nouadibou à Nouakchott : un vrai billard. Dire qu’il y a encore quelques mois ce trajet devait être effectué en convoi avec guide par une piste !
Quelle performance que cette route neuve qui traverse le désert ! Quelle maintenance aussi pour la conserver dégagée du sable qui la recouvre sans cesse.
Des filets de protection anti sable ponctuent le parcours et sont placés sur les dunes sensibles. La protection reste toutefois assez dérisoire : le vent fait fi de ces filets.
La chaleur devient accablante et nous subissons un nouveau contrôle : un policier en treillis militaire, enveloppé dans un cheich kaki assorti où l’on ne voit que les verres de lunettes de soleil –c’est assez impressionnant- demande nos passeports et intime à Manu de le suivre sous une tente de couleur également militaire.
Dans cette tente, un lit de camp sur lequel se repose un de ses collègue. Le policier engage un palabre en arabe et lui jette nos passeports. Le « reposé » y jette à peine un coup d’œil et redonne les passeports aussi sec d’un air fatigué en signifiant que le « contrôle » était ok. En conclusion, nous avons pu comprendre que la discussion entre eux était assez légère, du style : « debout, à ton tour de bosser, moi je suis mort avec cette chaleur »
Et l’autre de répondre : « j’ai trop chaud aussi, basta » et de balancer les passeports.
Nous continuons sur cette route dont on ne voit pas la fin : à l’horizon, elle disparaît sous l’effet des vagues de chaleur. On dirait que l’on déroule un ruban noir au fur et à mesure de notre avancée.
Nous sommes complètement enveloppés dans nos cheichs,et les paresoleils scotchés sur les vitres latérales nous assurent une relative protection contre les feux ardents du soleil. En passant la main par le toit ouvrant, l’air est franchement brûlant.
On apprendra par d’autres voyageurs rencontrés à l’auberge de Nouakchott que la température était de 47° …
Les km défilent…et les litres d’eau aussi, ponctués de quelques bières que nous devons boire rapidement si l’on veut leur conserver une certaine fraicheur une fois sorties de la glacière.
Et la route continue de dérouler son ruban noir en traversant des paysages magiques où alternent des dunes de sable variant du blond doré au jaune bouton d’or.
Quelques arbres rabrougris surgissent ici et là. Quelques campements maures et les inévitables dromadaires qui semblent livrés à eux même aussi…
Ce désert là a l’air plus peuplé –si l’on peut dire- que du coté marocain en tous cas.
Au détour d’une dune, nous croisons un immense tracto pelle, seul au milieu de nulle part, qui dégage le sable de la route à grand coups de godet.
Enfin, nous arrivons à Nouakchott à l’auberge Menata, la nuit vient de tomber. Kilométrage : 117 113 ; 799 km parcourus.
Cette « auberge » est assez rustique. Les différents voyageurs –roots et moins roots- s’y mêlent dans une joyeuse convivialité bon enfant. Un frigo commun permettra d’y stocker 2 bouteilles d’eau en prévision du lendemain…mais ces bouteilles auront été bues au cours de la nuit. Grr !
Deux jeunes avaient pour véhicule une R12 break « relookée », avec amortisseur surelevés et renforcés qu’ils avaient fait bricoler au Maroc.
L’intérieur était en vrac, un vrai foutoir. La galerie était bordée de deux planches de sapin pour servir de plaques de désensablage !
Manifestement, ils voyageaient « à minima »…
Pour le diner, nous nous sommes rendus dans un café tenu par un tunisien où nous avons mangé des crèpes au fromage, arrosées de Fanta. Nous avons appris que c’était la seule « crêperie » de Nouakchott.
Le paiement a été fait en euros. Ainsi, nous n’avons pas eu besoin de changer des Ouguyas mauritaniens…
Nous avons très mal dormis, car la chambre était un vrai four et le ventilateur ne brassait que de l’air chaud. La chaleur, malgré la nuit, était toujours aussi accablante.
De Nouakchott à Saint Louis.. 335 kms
Après notre (Nes)café matinal, nous procédons au plein du réservoir à partir de notre réserve et nous quittons Nouakchott sans regret.
Cette ville semble fade et est peuplée d’un nombre impressionnant de 4x4 et de Mercedes.
La route continue, mais devient craquelée (la chaleur et les pluies ?) et le paysage change peu à peu, passant du désert au sahel plus arboré. Quelques dromadaires circulent librement mais toujours sur le coté gauche de la route : des chameaux anglophones sans doute ?
Un ultime contrôle de police à l’entrée de Rosso, nous permet de nous renseigner pour prendre la fameuse piste de Diama… que nous manquerons pour nous retrouver quasiment au port, où nous serons immédiatement assaillis par une horde de mauritaniens « facilitateurs » de formalités.
Un policier correct et très courtois nous tirera des fourches caudines de ces redoutables prédateurs à backchich.
Il poussera même l’obligeance jusqu’à nous mettre sur la fameuse piste dont l’embranchement n’est vraiment pas indiqué ; mis à part un panneau publicitaire qui n’a rien à voir.
Nous y serons seuls et nous vivrons 90 km de bonheur à l’état pur : quelques passages un peu délicats, mais le 4x4 se régalera tout le long du trajet qui longe le fleuve Sénégal.
La piste est en effet composée de plusieurs traces de part et d’autre de la digue qui protège des crues lors des pluies tropicales. Nous nous amuserons à « sauter » cette digue : un coup en devers à droite, un coup en devers à gauche. Le changement avait lieu quand on en avait marre d’être penché d’un coté.
Quelques passages « de niveau » en roulant sur le sommet de la digue et bénéficier d’un champ de vision plus étendu.
Le paysage était féerique, alternant marigots où s’ébattaient de nombreux oiseaux, lagunes et palmiers doubles, partie de brousse, mangroves…véritable éco système complet qu’il vaut mieux éviter de nuit, car ce milieu humide et eaux stagnantes est une véritable usine à moustiques.
Nous pensions que les contrôles de police étaient terminés : il y en eu 4 dont un totalement « virtuel ».
Le premier avec barrière à plusieurs km de l’entrée de la piste : certainement pour autoriser la poursuite du trajet en fonction de son état. Elle est impraticable en saison des pluies.
Nous plaindrons les braves policiers chargés de ces contrôles : ils doivent être « punis » pour être complètement isolés à ces postes. Leur baraquement est vraiment très sommaire… et leur tenue aussi.
Nous leur offrirons tee shirt et casquettes pour leur amabilité sans demande de contrepartie.
Au deuxième contrôle, nous avons failli ignorer le policier qui dormait et qui a surgi alors que nous avons stoppé de notre propre chef en apercevant tardivement la baraque de police.
Il était décontracté : carrément en « marcel ». Belle rigolade, quand il s’est renseigné pour savoir si son collègue au premier poste était vraiment présent. Nous l’avons rassuré afin qu’il se sente moins seul.
Il nous a également demandé de saluer son collègue du poste suivant… que nous avons zappé, car il n’y avait personne. Abandon de poste ?
Par contre, nous avons transmis ses salutations au policier d’après qui campait sous une tente avec sa femme, quelques km avant le barrage.
A partir de ce dernier poste, quelques km de « tôle ondulée » où il convient d’adapter la vitesse pour ne pas en sentir les effets et nous voici en vue du poste frontière.
Le poste frontière est composé de 2 baraquements : un pour le poste de police, où les gardes frontières vivent avec leurs femmes : une était couchée à coté d’un collègue, dans la même pièce qui sert de bureau et de chambre à coucher, avec des paillasses posées à même le sol.
Le tamponnage fut vite expédié : à 13h nous étions les premiers et seuls « clients ».
Entre les deux baraques, une échoppe chargée de « récolter » les dons sponsorisant le village d’à coté.
La douane a juste apuré le document de sortie de Mauritanie, toujours sans aucune fouille du véhicule.
La barrière levée, nous franchissons la frontière en roulant sur le barrage… pour y rencontrer une barrière de péage coté sénégalais.
Manu a engagé une bataille perdue d’avance pour échapper à ce péage, pourtant tout à fait réglementé et régulier. Difficile de négocier un prix fixe et officiel. Quelle rigolade !
Un peu moins de rigolade, mais toujours la bonne humeur coté police sénégalaise : le policier voulait nous faire payer le tampon d’entrée, car il prétendait être en heures supplémentaires : il était à peine 14h !... et en outre, nous étions les premiers et uniques clients, comme l’atteste son cahier de passage à la date du jour, qu’il a soigneusement rempli.
Nous nous sommes affalés dans les fauteuils en montrant ostensiblement que nous avions tout notre temps et en plaisantant avec lui. Et Manu d’enchainer en wolof…
Au bout de quelques minutes, il en a eu marre que l’on occupe son bureau et que l’on trouble sa tranquilité.
Il a donc tamponné nos passeports la mort dans l’âme en nous qualifiant de « saï saï », et en nous priant de dégager les lieux. Pas content, mais pas agressif : dégoûté plutôt de ne pas avoir obtenu son bakchich habituel.
Le parcours suivant nous a fait atterrir dans le bâtiment d’en face : LES douanes sénégalaises, où le douanier en grand uniforme nous a impressionné par son professionnalisme. Il nous a délesté de 5 Euros pour le carnet ATA… que nous n’aurions pas du payer.
Il n’a toutefois pas apprécié la demande de reçu, qu’il nous a quand même délivré. Cette demande a provoqué son irritation, et pour la première fois, nous avons commencé à subir une fouille en règle du véhicule.
Cette fouille officielle et formelle a été vite interrompue quand il est tombé sur nos vestiges de réserve alimentaire et quand nous lui avons proposé une boite d’olives d’Espagne en apéritif pour lui et sa famille.
L’affabilité et le sourire sont revenus instantanément et nous avons remballé le peu que nous avions sorti du coffre.
La voie était donc libre, mais nous nous sommes arrêtés 20m plus loin pour prendre un rafraichissement bien mérité et souscrire l’assurance sénégalaise.
Pour rejoindre Saint Louis, une dernière péripétie nous attendait : Manu, tout à la joie de décrire les endroits qu’il connaissait n’a pas pris garde à une limitation de vitesse en traversant un village : au moins 70 au lieu de 40. Un policier nous a stoppé avec une autorité certaine et a confisqué aussi sec le permis de conduire et la carte grise du véhicule. Nous avons patiemment attendu quelques minutes pour savoir à quelle sauce nous allions être mangé…
Au bout d’un certain temps, le policier est revenu avec un procès verbal dûment rempli et nous a demandé d’aller payer l’amende au Commissariat de Saint Louis et ensuite de revenir avec le reçu pour récupérer les documents, car nous n’avions pas de francs CFA.
Après quelques palabres mêlés de wolof, nous nous en sommes tirés pour la modique somme de 5 euros proposés sous forme de don aux enfants du policier… Ouf !
Nous sommes repartis, soulagés et avons fait une entrée dans Saint Louis par la corniche,où nous avons pu admirer la splendeur de la ville avec ses maisons coloniales.
On comprend le classement au patrimoine mondial de l’humanité fait par l’Unesco.
Nous franchissons le fameux pont Faidherbe, bâti par le même Gustave que celui de la Tour Eiffel, pour traverser l’île Saint Louis et accéder à la langue de barbarie et marquer notre terminus à l’hôtel Mermoz, prendre une douche bienfaitrice et piquer une tête dans la piscine, où l’eau devait avoisiner les 33 degrés !
Kilométrage : 117 448 ; 335 km parcourus
Ceci a marqué la fin de notre périple de 5 773 km effectués en 10 jours. Avec quelques 870 photos, mais surtout des images et des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires.
Quel fabuleux voyage, où malgré la différence d’âge des équipiers, la bonne humeur a toujours été présente, l’entente parfaite, ponctuée de franches parties de rigolade et malgré quelques conditions quelquefois un peu sommaires et la chaleur pénible sur la Mauritanie.
L’aventure continue…et se terminera provisoirement en Casamance.Cette partie mérite d'être racontée, mais c'est une autre histoire.
Pour les infos et autres documents nécessaires: voir la 1ère étape du voyage.
Découvrez aussi tous les autres carnets de voyage en Afrique proposés par les Visoterriens.