DEPART DE LA CITE ROYALE D'ANGKOR THOM

CAMBODGE "SUR LES TRACES DU CYCLOBARANG"

TRAVERSER LE TONLE SAP ET VAINCRE LA VOIE ROYALE

STUNG(KAMPONG KOLEÏ) Abandon et délivrance




Je suis fatigué,le voyage en bateau, l'entraînement à Siem Reap, il a fait très chaud aujourd'hui, il me reste quelques affaires à préparer, il est environ 21H30 lorsque je me mets au lit. J'ai du mal à trouver le sommeil, fatigue, excitation, stress. Je pense au raid entre Phnom Penh et Saïgon. Pourquoi ai-je choisi de partir de bonne heure le matin? J'aurais préféré partir de nuit, emploi du temps oblige, je m'endors.
Mon téléphone portable sonne, la mélodie me réveille, il est 5HOO du matin, j'émerge doucement de ma torpeur, ce n'est pas le top du côté forme. Je saute sous la douche et endosse ma combinaison cycliste. Je descends de ma chambre et je finis d'équiper mon cyclo, il est 5H30, tout le monde dort encore dans l'Auberge.
J'avais pourtant passé les consignes la veille pour que le petit déjeuner soit copieux et préparé à l'heure. Les minutes passent, le petit déjeuner n'est toujours pas prêt. Visiblement, ils m'ont oublié.
Philippe arrive à 5H45 chevauchant sa moto équipée de gyrophares, grâce à lui, je vais pouvoir évoluer en toute sécurité. Il me soutiendra pendant mes moments les plus difficiles, je ne sais comment le remercier. Je commence à courir, je suis en colère, en fait très rapidement j'avale deux œufs sur le plat, un bol de riz et un café, çà me sera fatal pour la suite. Il est 6HOO, il est grand temps de rouler vers la Cité Royale d'Angkor Thom.
La fraîcheur du matin ravive mes forces, c'est beau cette grande allée qui mène aux temples avec ces grands arbres verts et majestueux. Le soleil se lève, une légère brume autour du Bayon apporte une sorte de féerie autour des visages qui me sourient, je me dirige vers la Terrasse des éléphants où m'attendent la Police du Patrimoine, l'équipe de télévision et le Colonel Billault.
Malgré la présence de toutes ces personnes, les dimensions du site me donnent un sentiment de solitude, j'éprouve une mystérieuse angoisse, face à face avec moi-même.
Beauté exhumée de la forêt vierge et restaurée par les archéologues de l'école française d'Extrême Orient, Angkor fut longtemps considéré comme un des endroits les plus malsains de l'Indochine. Je suis fier que ce soit la France qui participe principalement à la restauration et à la conservation de ce patrimoine mondial irremplaçable.
Durant l'époque qui se situe entre Charlemagne et Jeanne d'Arc, les Khmers d'origine mélanésienne développèrent une fabuleuse civilisation et construisirent ces temples ciselés comme des coffrets précieux, la merveille des merveilles, qu'ils réalisèrent reste sans contexte Angkor Vat, légende des dieux, fait de clarté et d'équilibre,translation victorieuse du bouddhisme sur l'hindouisme.
Nombreux sont les ouvrages, revues qui parlent ou ont parlé de cet endroit magique et énigmatique mais rien ne peut vous transporter vers une autre dimension si vous ne voyez pas ce site. Sur place, vous vous rendez compte de la puissance, de la grandeur, de la prospérité glorieuse de la civilisation khmère, une civilisation de bâtisseurs.
Après une séance de photos me voilà enfin libéré, il est 7HOO, je peux donner mon premier coup de pédale sur cette route mythique, escorté par les vététistes de la nouvelle Police du patrimoine équipée par la France pour surveiller les sites archéologiques.
Je quitte rapidement Angkor Thom, le Bayon et les visages énigmatiques des dieux à quatre têtes et je rejoins Angkor Vat, je décide de m'arrêter à l'entrée du temple et m'autorise une minute de méditation, j'ai tellement attendu ce moment une intense émotion m'envahit.
Le soleil planté derrière les tours du temple, donne à Angkor Vat une silhouette majestueuse, comme une cathédrale gothique la pointe des tours file vers le ciel comme pour l'atteindre. J'enfourche mon cyclo et je fais vite mon deuil de cette beauté pour me lancer vers mon destin. Les policiers vététistes ont du mal à suivre le train qÙe je me suis imposé, je tiens à maintenir la vitesse de 20 kms/heure le plus longtemps possible sur cette route en état jusqu'au moins la sortie de la ville. Je dois de temps en temps les attendre pour ne pas les froisser, petit à petit certains lâchent le rythme.
J'ai hâte de quitter la ville maintenant, nous passons le pont qui surplombe la rivière et nous nous dirigeons vers les faubourgs de la ville, nous passons le nouveau marché en cours d'inauguration puis nous nous lançons sur un magnifique tronçon de route digne de ce que l'on connaît sur nos nationales, je sais qu'il faut que j'en profite ce ne sera pas comme çà sur la totalité des 320 kms du trajet.
Je roule sur le bas côté goudronné, le vent s'est levé, il est de face, mauvais présage, à la sortie de la ville, je fais une halte. J'en profite après une poignée de main et une bouteille d'eau partagée pour laisser mon escorte. Il fait très chaud et il n'est que huit heures du matin, ce qui m'inquiète le plus c'est le vent. Nous approchons du milieu de la matinée et j'entre sur une piste assez large, plutôt bien entretenue, le goudron c'est fini et je crois pour un bon moment, en tout cas pas avant Kompong Thom.
Je commence à avoir le petit déjeuner qui remonte et quelques nausées. Les choses se gâtent côté terrain, la route est de plus en plus mauvaise, je suis obligé de rouler sur le côté droit, là où la voie est la moins accidentée mais c'est sablonneux J'ai du mal à avancer, le vent de face, les roues du cyclo qui s'enfoncent dans le sable, je ne peux pas me risquer à rouler sur la caillasse à cause des crevaisons ou autre incident mécanique mais surtout les secousses risquent de ne pas ménager mes vertèbres et mes muscles.
J'ai mal au ventre et je transpire à seaux. Il est 11 HOO, je me demande ce qui m'arrive, j'ai l'impression d'être scotché au terrain, je ne progresse que de 6 à 8 kilomètres par heure, je suis soucieux, la chaleur est très présente mais c'est surtout le vent qui ralentit ma progression.
Je mets mon krama sur la tête sous ma casquette, je commence à avoir des maux de tête terribles. Il est midi et je commence à douter de ma performance au regard de ma moyenne kilométrique, nous n'avons fait que 60 kilométres depuis notre sortie de Siem Reap, Philippe est toujours présent près de moi et il m'encourage tout le temps.

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