Algérie
Carnet de voyage en Algérie

Ce chantier consistait à faire le relevé de 31 barrages en Algérie dans le but de calculer la superficie et le volume de chacun d’eux, de calculer éventuellement le taux d’envasement et finalement de permettre à l’administration algérienne de mieux gérer les réserves d’eau.
Ces barrages sont situés pour 14 d’entre eux à l’ouest (Oran, Tlemcen, ...) et à l’est (Annaba, Constantine, Biskra, …) pour les 17 autres.
Les opérations de terrain se sont déroulées de fin juillet 2003 à fin juin 2004, avec quelques coupures (ramadan, noël et jour de l’an).
Ce fut un chantier difficile pour beaucoup de raisons (conditions de vie, sécurité, terrain difficile, …) mais qui fut riche en rapports humains et qui permit un échange intéressant entre 2 cultures différentes…
Pour beaucoup d’entre nous, ce fut notre premier chantier en Afrique du Nord, dans un pays à majorité musulmane. Nous avons donc beaucoup débattu de nos points de vues différents.
Nos équipes étaient formées d’une douzaine de personnes comprenant :
Coté français :
- 1 chef de mission,
- 1 technicien,
Coté algérien :
- 1 coordinateur logistique,
- 3 à 4 techniciens,
- 3 mariniers,
- 1 maçon,
- 1 cuisinier.
Sur chaque barrage, nous recrutions une dizaine de "manœuvres", certains pour la construction des bornes et d'autres pour accompagner les techniciens sur le terrain.
Nous avons eu jusqu'à 3 de ces équipes à travailler en même temps sur des barrages différents, nous permettant de finir dans les délais, un chantier plus dur que prévu.
Effectivement, surtout à l'ouest, les taux de remplissage des barrages était loin de la prévision !! De plus certaines données se sont avérées fausses, voir absolument fausse pour la barrage de Djorf-Torba dans la wilaya de Béchar, où au lieu d'avoir entre 660 et 1 400 Ha à relever, l'équipe s'est trouvée à devoir relever 12 000 Ha !!!
Ces équipes étaient très soudées et il n'y a jamais eu de séparation boite française et boite algérienne (du moins sur le terrain !). A part quelques rares éléments "perturbateurs", nous avons travaillé avec des gens accueillants, travailleurs et qualifiés.
Au niveau de la sécurité, nous étions escortés par la gendarmerie (quelques fois par la police) lors des déplacements entre les barrages. Sur les barrages en eux-mêmes, la sécurité étant adaptée au risque de la région, nous avons eu de 2 gardes du barrages seulement à la totale : 4 gendarmes, 10 gardes communaux, plus une vingtaine de militaires !!!
Sur certains barrages, cela a été un frein à l'avancée du chantier… De plus, le fait de ne pas pouvoir faire un pas sans être suivi (et même si les gardes étaient dans la grande majorité des gens très sympathiques), s'est révélé être un élément important au niveau de la dégradation du moral des expatriés français…
J’ai été sur 8 barrages, tous situés à l’ouest : Sidi Mohamed Ben Aouda (wilaya de Relizane), Sidi Abdelli (wilaya de Tlemcen), Sarno (wilaya de Sidi Bel Abbes), Chorfa (wilaya de Sig), Gargar (wilaya de Relizane), Brezina (wilaya de El Bahyad), Ouizert (wilaya de Mascara), Hammam Bougrara (wilaya de Tlemcen).
Lors de nos passages à Alger, nous avons pu faire quelques petites visites de la ville blanche.
Et, passant outre les règles de sécurité (chut !), nous avons pu visiter la ville de Tlemcen…





Le 12 mars 2008
Sidi Mohammed Ben Aouda
21 juillet au 8 septembre 2003
Le barrage de SMBA, fut le premier barrage du chantier et ce fut donc le test pour cette première équipe.
Ce fut un barrage difficile pour beaucoup de raisons :
- techniciens algériens pas formés,
- logistique inexistante et nul le peu de fois où il y en avait,
- températures élevées,
- peu d'accès par 4x4 aux alentours du barrage,
- sécurité imposante et imposant des mesures de sécurité "contraignantes",
- manque de matériel évident et matériel algérien âgé, usé, …
- superficie de 1769 Ha.
Ce fut un des barrages les plus éprouvant pour les équipes françaises, comme pour les équipes algériennes. Nous avons débuté ce chantier avec un sous-traitant pour tout ce qui était logistique et notre but se bornait à former les techniciens, puis à gérer le coté technique et les résultats…
La logistique n'étant pas à la hauteur (plutôt inexistante !), nous avons dû nous occuper de cela aussi. Il fallait penser à tout, de la nourriture aux réserve d'essence, en passant évidemment par l'eau. L'eau pour se laver était stockée dans une citerne sur le toit de notre "bureau-chambre" et plusieurs fois, nous n'avons pas pu nous doucher pendant 2 jours… L'eau minérale, que nous consommions par 40 à 50 bouteilles par jour, était fréquemment en rupture de stock !! Et pas question de travailler sans eau avec les températures du mois d'août : jusqu'à 44°C à l'ombre (et il n'y avait pas d'ombre !!).
Effectivement, les techniciens n'étant pas formé au GPS, vu que nous avions la charge de les former, nous avons donc du accompagner les techniciens sur le terrain tous les jours (sauf le vendredi, jour de repos). La journée type commençait par un réveil à 5h du matin, départ sur le terrain à 6h, début de mesure vers 7h (ou plus selon le temps de trajet), fin des mesures vers 13h, retour au bureau vers 14h, sieste, download des données, rapports, calculs, fin de la journée à 20h, repas, et dodo… avant de repartir pour la même journée !
Tout cela 6 jours sur 7 pendant 6 semaines… avec la chaleur, un mobile GPS de 10kg sur le dos ou un sac à dos rempli de bouteilles d’eau et en ne faisant que marcher sur des terrains difficiles… ça vous met un homme sur les rotules !!!
Nous logions dans un bâtiment circulaire du barrage, un peu en hauteur. Il y avait une pièce unique, d'une trentaine de mètre carrés dans laquelle était installés des tables faisant office de bureau, le matériel, les réserves d'eau, les frigos, la table du repas, 3 lits… Le tout mal isolé, avec une mini climatisation et 3 ventilateurs (méga kitch) qui n'arrivaient pas à faire descendre la température !!!
Des petits détails qui tue : les connexions électriques faite par des fils torsadés non protégés, les néons connectés à la va vite sans interrupteur pour éteindre la nuit ! Une douche qui fonctionne une fois sur deux (quand il y a de l'eau) et qui oblige le lavage à la bassine… (pas d'eau chaude, mais heureusement nous étions en été).
Pour être sûr d’avoir un moral d’acier (ou à 0 !), la journée était ponctuée de coupure électrique, de panne de groupe électrogène, de panne d’essence d’un zodiac au beau milieu de la retenue ou percé, les pannes de voiture (freins qui lâchent), bouffe super en retard, pas d'eau pour se laver, pas d'eau minérale en quantité suffisante pour le lendemain, … sans oublier, toutes les pannes "habituelles" du matériel tehnique…
La sécurité fait perdre du temps parfois, même si sur la barrage de SMBA, nous avion des gens compétents… Nous avions une vingtaine de gardes qui dormaient autour (et sur le logement), environ 10 à 12 d'entre eux nous accompagnaient sur le terrain (2 à 3 par équipe).
Les accès était limités, la première partie du barrage accessible en zodiac (jusqu'à 30mn de trajet) et la deuxième moitié accessible par voiture après 1 heure de trajet escorté par deux blindés de la gendarmerie.
Pour couronner le tout, pour ne pas donner d'habitude à d'éventuels terroriste, il ne fallait pas faire le trajet en voiture tout les jours… je ne vous raconte pas l'organisation du travail !!!!
Bref… Ce fût un barrage éprouvant sous tout les points et après 7 semaines de chantier, je fus content de retrouver mon chez moi !!!!!
Les moments les plus drôles ont été sans hésiter les discutions sur l'Islam, Allah, le Coran, … Certains de nos "manœuvres" n'avaient jamais rencontrés de français. Et la majorité des algériens pensaient que la plupart des français sont chrétiens…
Pas de chance, les français rencontrés étaient à 90%… athée !!!
Les moments les plus difficiles
Je ne sais pas, peut être les mégas turistas que l'on a eu… Passer la moitié de la nuit aux toilettes, vomir sur le terrain, avoir froid alors qu'il fait 40°C… ce n'est pas le plus drôle en tout cas !!!
Sidi Abdelli
29 septembre au 10 octobre 2003
Après 3 semaines de récupérations méritées en France, nous voilà de retour en Algérie dans la deuxième équipe, mise en place le 19 août.
Le barrage de Sidi Abdelli fut un des mieux à plusieurs points de vues :
- techniciens algériens commencés à être formés,
- logistique correcte,
- cuvette quasiment totalement accessible par 4x4,
- sécurité minimale,
- superficie moyenne (870 Ha).
Le barrage de Sidi Abdelli se trouve dans une région beaucoup moins aride que le précédent (SMBA), le terrain était beaucoup plus praticable pour les équipes de terrain. Les techniciens ayant été bien formé par l'équipe d'expatrié précédente, ils commençaient à être autonomes. Les accès à la cuvette étant facile en voiture et ne nécessitant pas d'escorte (ou très peu), notre travail fut plus axé sur l'encadrement, la partie purement technique, mais tout de même, nous contrôlions de près la logistique.
L'équipe en charge de la logistique pour cette équipe avait été renforcé et était de très loin beaucoup plus compétente que celle de SMBA !
Le logement était situé au milieu des logements des gens de l'administration des barrages. Nous étions dans une petite villa aménagée par une entreprise italienne passée plutôt…
Nous ne le savions pas encore, mais nous avions la chance d'avoir plusieurs chambres, des lits, de l'électricité, une douche (avec de l'eau chaude) et des toilettes propres (avec une chasse d'eau !).
Sur la première partie du barrage, nous avons été seul, nous déplaçant en toute liberté…
Sur la deuxième partie de la cuvette, légèrement éloignée, nous avions avec nous 2 gardes (seulement pour les français). Cela nous a permit une grande flexibilité au niveau du travail et évité des pertes de temps (colossales sur certains barrages !).
Les journées de travail étaient beaucoup moins dure, avec des réveils à 7h, début des mesures vers 8h, fin du levé vers 15h et retour au bureau à 16h… Cela laissait le temps aux techniciens de se reposer et d'aller boire le thé au village tout proche. Cela nous permettait de faire le travail de bureau de façon sereine et nous à permis d'aller boire le thé quelques fois aussi au village.
Nous avons évidemment eu quelques pannes de voiture, quelques problèmes technique, mais cette fois ci autant les équipes de terrain que l'équipe de logistique ont su minimiser la portée de ces problèmes.
Le levé du barrage a été réalisé en 3 semaines et nous avons eu de très bon rapport avec la sécurité du barrage et les gens de l'administration. Notre voisin nous à offert plusieurs fois le couscous, le pain algérien, le thé à la menthe, …
Les moments les plus drôles ont été sans hésiter les discutions sur l'Islam, Allah, le Coran, …
J'ai également eu la chance de pouvoir visiter Tlemcen juste avant de partir de ce barrage.
Les moments les plus difficiles
En fait, je ne sais pas si il y en a eu au regard de ce que l'on vécu ailleurs !!…
Sarno
10 au 25 octobre puis 28 novembre au 7 décembre 2003
Dès le barrage de Sidi Abdelli fini, nous sommes venus sur le barrage de Sarno, sur lequel, nous avons été reçu avec une certaine… retenue.
Le relevé de ce barrage a été suspendu en son milieu par la coupure du ramadan.
Cette coupure a permis une mise au point avec les différents partenaires.
Le sous-traitant logistique a été "viré" et notre partenaire algérien a repris à ça charge cette partie.
Du matériel nouveau a été acheté, des zodiacs et des moteurs, des pick-up, des groupes électrogènes, …
Au point de vue terrain, le barrage de Sarno a été assez simple, avec une cuvette aux pentes douces, une petite superficie, des accès faciles et une sécurité "moyenne".
Les balises PHE (Plus Hautes Eau), implantées sur le contour de la cuvette, l'étaient cette fois ci par nos soins, ce qui permettait d'éviter une surveillance constante. En effet, sur les précédents barrage, les équipes de logistique économisait de l'argent là dessus en mettant mois de ferraille, moins de béton, voir pas du tout !! (balises remplies de pierres ou de sable !!).
Les conditions de vie à Sarno étaient loin de valoir celles de Sidi Abdelli !!! De plus, le froid commençait à se faire sentir. Le cumulus de 50l pour 10 personnes nous obligeait à étaler les douches sur la journée…
Malgré tout, la logistique reprise maintenant par notre partenaire algérien allait mieux.
Nous formions une équipe soudée où la confiance était ancrée.
Les journées de travail ressemblaient à celles du barrage précédent, mais les sorties au village n'étaient pas au rendez vous (en tout cas pour les français).
La turista que nous avions eu à SMBA avait laissé notre ventre dans un état pitoyable…
Les conditions de vie et peut être la nourriture nous a fait tomber malade quelques fois.
Au point ou un de nous a dû aller voir le médecin en ville (à l'hôpital) et que certaines journées se passaient au chaud au bureau !!!
Les pannes furent moins fréquentes avec le nouveau matériel et les problèmes techniques pouvaient être résolus en partie par les techniciens algériens qui commençait à maîtriser une bonne partie du travail.
Le levé du barrage a été réalisé en 3 semaines et les rapports avec le chef d'exploitation, froid au départ, se sont adoucies. Je met sont "désenchantement" sur le compte de la lenteur et la non réactivité de l'administration algérienne.
Les moments les plus drôles ont été : ??
Les moments les plus difficiles :
Les journées où, malade, nous vomissions et ne quittions pas les toilettes…
Chorfa
7 au 23 décembre 2003 puis du 3 au 17 janvier 2004
Le barrage de Chorfa a été le pire pour mon équipe pour beaucoup de raisons :
- conditions de vie déplorable, plus digne d'un troupeau de moutons que de géomètres !!
- sécurité impressionnante,
- éloignement de tout village ou ville,
- route fermée de 17h à 8h pour question de sécurité,
- rapports exécrable avec le personnel du barrage !!!
Avant même d'arriver sur le barrage de Chorfa, nous avions entendu parler par notre coordinateur logistique de l'état lamentable des logements. Nous avons eu la surprise de nous entendre dire qu'il n'y avait que ça et que c'était ça ou rien !!
Arrivés sur le barrage de Chorfa, nous avons découvert l'horreur !! (et je pèse mes mots !). Nous devions loger dans les bureaux de l'administration. Trois d'entres eux avaient été libérés, une minuscule pièce sans arrivée d'eau, ni évier, ni rien devant nous servir de cuisine, pas de douche et des toilettes absolument infects !!!!
Le challenge était de faire vivre 12 personnes là dedans !!!!
Malheureusement pour nous, la sécurité ne nous permettant pas de repartir, nous avons du vider les camions dans la cour et nous avons dans la seconde appelé nos responsables, à Alger et Paris. Le chef de barrage a pu nous libérer une "chambre de plus" et un grand local pour le bureau et stocker le matériel. En attendant les travaux réalisés par le maçon et un plombier envoyé d'Alger, nous nous sommes mis en "grève".
En réalité, mon collègue et moi même avons décidé de faire avancer un peu le travail en faisant des reconnaissances et en installant le réseau d'appui.
Malheureusement, dans de telles conditions, le moral des troupes est vite tombé et nous avons eu des tensions entre certains membres de l'équipe, nous obligeant à faire des changements avec la deuxième équipe…
Malgré tout les problèmes rencontrés, nous avons réussi à faire le relevé de ce barrage.
Les conditions de vie déplorable(qui nous ont fait faire nos besoins dehors en attendant des toilettes utilisables et pas de douche la première semaine !!), une nourriture monotone, un cuisiner fainéant, une sécurité exagérée (me semble t il), un terrain difficile et des relations de moins en moins bonnes avec le chef d'exploitation ont largement contribué à la détérioration grandissante du moral des troupes et de l'entente harmonieuse qui avait été jusque là…
Malgré une superficie moyenne, le terrain, très boisé, boueux, pentu, dérapant ajouté à une sécurité colossale (4 gendarmes, 10 gardes communaux et 20 militaires) a ralenti la progression du travail qui n'était plus fait avec le même entrain que sur les précédents barrages.
Les journées de travail ressemblaient à celles du barrage précédent, mais la partie la plus éloignée du barrage nous obligeait à partir vers 7h et nous devions rentrer avant 17h, à cause de la fermeture de la route pendant la nuit pour cause de sécurité.
Je me rappelle que nous sommes allé au fond de certains oued boisés où les gens de l'administration n'étaient jamais allés et où les militaires nous escortaient de près !!
Evidemment, les conditions de vie n'ont pas aidé à améliorer nos problèmes… intestinaux
Les rapports avec le chef d'exploitation qui n'était pas au beau fixe au départ, se sont complètement dégradées sur la fin. Le fait d'avoir renvoyé un manœuvre fainéant qui est allé raconté que nous construisions de mauvaise balises PHE à été le début de la descente… Mais le pire a été le fait que cet odieux personnage, sous prétexte de nous héberger gratuitement, pensait que nous lui étions redevable et nous demandait toujours des faveurs…
Le summum a été une sombre histoire entre lui même et le "responsable" de la logistique à Alger au sujet d'un cumulus installé par nos soins et promis au chef d'exploitation…
Nous ne sûmes jamais ce qui avait été réellement dit, mais en tout cas, après cet épisode, le chef d'exploitation a tout fait pour nous mettre des bâtons dans les roues !!
Les moments les plus drôles ont été… euh… dans des conditions pareilles, c'est difficile de se souvenir des meilleurs moments !!!
Les moments les plus difficiles
Sans hésiter, le jour du déménagement où nous avons du nous battre (nous en sommes presque venus aux mains !) pour récupérer le "fameux" cumulus…
Gargar
17 au 30 janvier 2004
L'arrivée sur le barrage de Gargar fut un soulagement…
Tout d'abord, parce que nous avions quitté l'enfer et que vu la gueulante que nous avions poussé, nous savions que les choses avaient été bien faites…
Nous étions logés dans 2 maisons très correctes, avec un petit salon, des douches et des toilettes qui fonctionnent !!
Malgré sa taille (2700 Ha), le barrage de Gargar a été assez rapide à relever.
Le terrain était assez simple, sans végétation. Les accès étaient assez simple, même si il fallait une heure de zodiac pour arriver à la fin de la partie immergée 10km plus loin !
La sécurité, au début était assez réduite, mais a été très vite renforcée lors d'un "incident".
L'incident en question est parti d'un problème de communication entre les diverses unités de sécurité de la région. Des bergers "patriotes" ont pris nos équipes et les gardes communaux les accompagnant pour tes terroristes et inversement… Dans la panique, des coups de feux ont été tirés par les "patriotes"…
Avec seulement le bruit des coups de feu et les brides d'information par talkie-walkie, nous avons décidé une récupération d'urgence de tout les membres des équipes sur le terrain à ce moment là. De retour à la digue, j'ai pu voir la rapidité d'intervention des différentes unités de police, de gendarmerie, de section anti-terroriste… Nous avions d'un seul coup 4 voitures de police, 4 voitures de gendarmes, 1 camions de la section anti-terroriste et des policiers en civil !!!
Après cet "incident", nous avions une dizaine de gardes communaux et 8 gendarmes constamment avec nous !!! J'ai même eu jusqu'à 6 voitures (4 gendarmerie et 2 de l'armée) lors d'une relève des membres de sécurité !!!
Le moment le plus drôle a été, avec un peu de recul, ce fameux "incident"… où nous longions les berges en zodiac pour éviter les balles et où l'équipe visée était quelque peu… tendue !!!
Il y eu aussi le jour où j'ai débarqué en pick-up suivit de 6 voitures de sécurité dans un champ, avec des paysans qui se demandait ce qui se passait…
Les moments les plus difficiles
Pas tant de moments difficiles après l'horreur de Chorfa…
Brezina
3 mars au 12 avril 2004
Le barrage de Brezina est sans hésiter le plus beau barrage d'Algérie, mais surtout le plus difficile pour les gens de terrain !!!
Du point de vue "tourisme", ce barrage était magnifique, époustouflant…
Du point de vue topographie, c'était l'horreur, le terrain le plus difficile qu'il était possible d'imaginer !!!
Il a fallu deux mois pour relever la totalité de ce barrage de 1200 Ha (alors qu'il en a fallu 1 pour relever les 2700 Ha de Gargar) !
Les accès difficile et la topographie du terrain ont rendu la vie dure à l'équipe.
Situé à 1000 m d'altitude, dans un reg, un désert de pierres, le barrage de Brezina est à la limite nord du désert.
Le terrain a basculé et la croûte terrestre s'est retrouvée à la verticale, laissant apparaître toutes les couches géologiques.
Le terrain était truffé de pierres de toutes sortes, de toutes formes et surtout de toutes les couleurs. Il y avait des sables de couleurs différentes, allant du blanc au rouge en passant par le jaune, le vert, l'ocre, le noir, …
Je comprends mieux l'engouement des géologues pour les déserts !!
La sécurité sur ce barrage était réduite. Nous avions 4 gardes communaux et 1 gendarme en permanence au niveau des logements et nous prenions seulement 1 ou 2 gardes lors des déplacements des français.
Nous avons pu également visiter les alentours du barrage (palmeraie, gravures rupestres,…) et nous avons pu répondre aux invitations à manger le couscous !!!
Ce paysage complètement dépaysant pour des européens, avec des dunes de sable, des oueds, des chameaux en liberté, des kheimas (tentes de nomades), … nous faisait nous sentir très loin de la France !!!
Le pick-up ne nous permettait pas l'accès à toutes les zones du barrage… et il a été ensablé plus d'une fois. Nous avons du louer un vieux Land Rover avec son chauffeur, Hamid, pour accéder aux zones les plus éloignées. En effet, le barrage n'était pas très large, mais s'étalait sur une longueur de 23km. Il était traversé par une route dans le sens de la largeur, à peu près en son milieu et les accès perpendiculairement ne se faisait que par des pistes difficilement praticables !!!
Hamid, notre" GPS humain" avec une bonne connaissance des lieux et des renseignements glanés au près des bergers nous a permis d'atteindre les endroits les plus reculés après jusqu'à une heure de 4x4 cahotant !!!
Lors de deux pluies, d'environ 2h chacune, le niveau d'eau de la cuvette est monté de 4m la première fois et 5m la deuxième. Les bateaux se retrouvaient hors d'atteinte et un support de matériel bathymétrique et des batteries ont été recouvert !!
Nous avions aussi de fréquentes tempêtes de sable, nous obligeant à arrêter le travail, à se couvrir les yeux avec nos "cheichs" et d'avoir les dents qui "croustillent"…
La plus belle, je l'ai eu lors d'un trajet Brezina – El Bahyad… Au pas, à 20m derrière un 4x4 de gendarmerie, dont je ne voyais plus que le gyrophare… Le ciel avait disparu, le soleil aussi et je compris mieux pourquoi nous avions du sable jusque dans le sud de la France !!!
Le moment les plus sympas ont été sans hésiter l'accueil qui nous a été réservé par les gens du coin… Le thé, le couscous, les dattes, les jeux de dominos, les visites, …
Lors d'une reconnaissance, nous avions laissé un garde près d'une kheima, pour aller voir de la famille et lorsque nous l'avons récupéré, nous avons eu le plaisir de nous faire offrir, en plein désert, des galettes avec du beurre, du lait de brebis, le thé, … Que du bonheur !!
Les moments le plus drôles ont été, entre autres, la récupération des zodiacs après la montée rapide du niveau d'eau, en cuissarde, armés d'une corde, …
Les moments les plus difficiles
Pas si difficile, mais tout de même, lorsque le cumulus s'est fendu en bas, nous avons été réveillés en pleine nuit par le bruit d'une fusée qui décolle !!! Nous avons du couper le courant pour empêcher le cumulus d'aller se mettre en orbite !!!
Ouizert
1 au 12 puis 19 au 24 juin 2004
Avec une petite surface (600 Ha) et étant le dernier barrage à relever pour mon équipe, le barrage de Ouizert fut assez simple. Malheureusement, le niveau d'eau était très, très bas !
Les logements étaient encore à limite de l'ignoble et mes relations avec les responsables algériens à Alger, déjà passablement mauvaises, se sont encore dégradées !!
Le pire étant les mouches par trentaine dans la "salle à manger" !!
Le moral des hommes était bas, après des malentendus entre leurs responsables et eux même, 10 mois de chantier dont les 3 derniers sur des barrages éprouvants et loin de chez eux !!
La sécurité étant de plus en plus difficile à supporter pour nous, celle de Ouizert, malgré sa gentillesse, nous pesait !!
Nous fûmes heureux lors de la fin de ce barrage !!!
Nous allions enfin arrêter de vivre dans des conditions de vie déplorables et à la limite de la tolérance !!!
Fini aussi les règles de sécurité et l'enfermement sur les barrages comme si nous étions des délinquants en prison !!!
Malheureusement, nous allions arrêter de voir et de travailler avec ceux que je peux appeler mes amis…
Il n'y a pas eu de moment vraiment drôle dans cette ambiance de fin de chantier où tout le monde était sur les rotules et ne pensait qu'à la fin de ce chantier !!!!
Les moments les plus difficiles
Nous étions habitués aux toilettes sales, aux pb d'eau chaude, … Mais les mouches ont contribuées fortement à l'exaspération générale !!!!
Hammam Boughrara
12 au 19 juin 2004
Je suis allé rejoindre la dernière équipe sur le barrage d'Hammam Bougrara pour aider le chef de mission lors de la formation de 6 personnes de l'administration des barrages.
J'ai donc pris en main cette équipe pendant une semaine. J'ai trouvé des hommes démoralisés… à cause du peu d'eau sur place !!
En effet, cette équipe n'avait relevé quasiment que des barrages dans l'est algérien où les barrages étaient remplie de 80 à 100% !!!!
Celui ci avec entre 15 à 20% de remplissage et ses 23m de différence entre la PHE (côte des plus hautes eaux) et le niveau d'eau actuel avait de quoi décourager !!
Les logements étaient très corrects. Situés dans l'enceinte des bains (hammam !), il était composé de 2 "appartements" avec une petite cour intérieure… des lits, des l'eau chaude venant du hammam voisin…
La sécurité était minimale, avec déplacement libre dans le village et la première partie de la cuvette et seulement 2 gardes lors des déplacements en fond de cuvette.
La frontière avec le Maroc n'étant qu'à 5 km de là, la principale activité des gens du coin et en particulier de Marnia, la ville voisine était le trafic d'essence et de drogue… la première sortant, la deuxième rentrant…
Les files de voitures aux stations essence était impressionnantes… Des R25, 504 et 505 "pigeot" avec des réservoirs trafiqués de 100 à 120l…
Un petit passage qui a permit de revoir, ou de rencontrer tout les techniciens et membres de l'équipe…
Tlemcen
Nous avons eu la chance de pouvoir passer quelques heures dans la ville de Tlemcen et de découvrir l'Algérie autrement que par ses barrages...
Nous avons pu visiter la Mosquée Sidi Boumediene, vu la Mansourah, acheter un plat au souk et bu un thé à la menthe dans un superbe café.
Voir le récit avec photos et commentairesAlger
Lors des différentes missions que j'ai faites en Algérie, j'ai pu plus ou moins visiter Alger.
Entre Bab El Oued, le bas de la Kasbah, la Pointe, le quartier des Ambassades, le port, Bordj El Kiffan...
Quelques photos de la ville blanche !
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