A travers l'Inde du Sud

Carnet de voyage en Inde

Banians à Auroville

Ce voyage en Inde était dans les projets de la famille depuis un bon bout de temps, car depuis 1988 j'avais une petite sœur arrivée d'Inde. Les restaurants indiens et reportages télé ne nous suffisant pas, il fallait bien qu'un jour toute la famille visite le pays d'origine de la p'tite dernière.
C'est finalement avec des copains à mes parents, et par l'intermédiaire d'une agence de voyage que nous sommes partis. Voyage organisé et itinéraire balisé, donc, mais "à la carte" et nous laissant pas mal de liberté. Car nous ne sommes pas partis (ni revenus) les mains vides : outre les habituels stylos à distribuer et timbres-poste à échanger, nous avions pris soin d'organiser notre parcours en fonction des associations locales avec qui travaillait l'association d'adoption et de parrainage des AEM (Amis des Enfants du Monde), afin de ramener des nouvelles fraîches aussi bien en Inde qu'à leurs partenaires français.
Nous sommes donc partis, mes parents (Jo et Annie), ma sœur Christina et moi-même, accompagnés par un copain à mes parents, Gérard, curé de son état et qui fut en quelque sorte la caution religieuse auprès de l'orphelinat (catholique) pour l'adoption de Christina. Une famille d'amis (Serge et Yvette, leurs deux enfants Fred et Marielle, et une amie, Blandine) devant nous rejoindre à Bangalore au bout de quelques jours.
Petite précision : pour rédiger ce carnet je me suis aidé du cahier que nous avons rempli au cours du voyage, chacun notre tour. Le texte est donc imprégné de l'état d'esprit du moment de chaque rédacteur ! Je précise aussi que j'avais à l'époque 16 ans, d'où le choc de l'arrivée, le mal du pays et les 10 ans de digestion avant de retourner voir "Mother India" !

Durée : 1 jours ( du 02/08/1998 au 02/08/1998)
Zone : Inde (+ de carnets de voyage) (Carnet sélectionné)[?]
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Pierrot
Carnet de voyage créé par Pierrot
Le 20 avril 2008

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Welcome in India !

Le voyage a commencé la veille, en prenant le TGV de 9h à Lyon, par un temps gris et pluvieux. Arrivée à Roissy à 11h30, décollage à 15h dans un Boeing 767 de la Gulf Air. Escale à Abu Dahbi (Emirats Arabes Unis) de 23h30 à 2h30 (heures locales), 40°C à l'extérieur.
A 7h (heure locale, 3h30 à Paris) nous arrivons à Mumbai (Bombay). Il pleut, il fait chaud (28°C) et la piste d'atterrissage côtoie les premiers bidonvilles.
Après le luxe kitch de l'aéroport d'Abu Dabhi, le choc est rude en débarquant à Mumbai. L'aéroport ressemble plus à un hangar délabré (j'aurai une impression plus positive à New Delhi 10 ans plus tard). La chaleur est moite et étouffante et déjà une cohorte de mendiants nous attend à la sortie. Nous retrouvons le correspondant local de l'agence de voyages (après un quiproquo : son panneau était au nom de l'agence indienne, on a compris seulement quand il n'est resté que lui et nous !) qui nous conduit à l'hôtel.
Voyage de 1h en taxi : époustouflant. Trafic intense. Beaucoup de taxis noir et jaune. Bruit, klaxons incessants, pollution. Notre taxi navigue de gauche à droite, à toute allure il se fraye un chemin au milieu des voitures, triporteurs, charrettes, vaches, scooters, motos, bus anglais (datant de la colonisation !), passants, mendiants et bien d'autres... Bidonvilles, tentes de fortune, bâches plastique jonchent les trottoirs.
Nouveau choc en arrivant à l'hôtel : rue sordide, sale, boueuse, immeuble délabré, mais les deux chambres sont acceptables... La fatigue et cette première vision de l'Inde nous laissent sans voix. J'avais eu ces mots en arrivant à l'hôtel : "Une autre planète. J'ai l'impression de voir un film".
L'après-midi, après un peu de repos, petit tour en taxi jusqu'à la mer et la Porte des Indes. Il faut pousser un peu Christina qui n'a pas très envie de se retremper dans l'ambiance du matin. Hasard incroyable, on rencontre des amis de Lyon qui rentrent en France le soir même ! Achat de deux jupes à Christina pour qu'elle fasse plus "couleur locale". Le soir, repas dans un restaurant : riz et chicken, puis retour au bercail. Douche de fortune (avec un broc d'eau) mais néanmoins très appréciée.

Dans une rue de Bombay
Echafaudage à Bombay
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Mumbay - Bangalore : 24h en seconde classe

Levés à 5h30, on prend le thé (avec beaucoup de lait : c'est le "Tchaï", parfois épicé) dans une gargote près de l'hôtel. Le guide qui doit nous mener à la gare se fait attendre, il avait en fait du mal à trouver notre hôtel un peu miteux. A la gare, aucun problème pour trouver le wagon, et notre train part à 8h.
On met un long moment avant de sortir de Mumbai (Bombay) et sa banlieue. Le train est pris d'assaut par des mendiants et colporteurs à chaque gare, mais on a fini par apprendre à les ignorer. C'est dur et immoral, mais n'importe quel voyageur en Inde vous dira que c'est la seule attitude à adopter, et tous les indiens font de même... A midi, repas de restes (des chips...) que nous ne partageons même pas avec les mendiants.
La journée se passe à regarder les paysages, la montée sur le plateau du Deccan est particulièrement belle. Le climat se rafraichit quelque peu. On commande des repas pour le soir aux employés du train. Notre compartiment se remplit, juste avant l'arrivée de nos "plateaux repas" : du riz et du poulet sur une feuille de bananier, le tout emballé dans du journal et accompagné d'un petit sac de sauce (qu'on nous conseille d'éviter : too spicy for europeans !).
Rigolade générale chez les nouveaux venus (sauf notre voisin qui a dû dire 3 mots depuis le départ) lorsque l'on commence à manger avec nos doigts. Il faut dire que nous nous y prenons particulièrement mal, sauf Jo qui est allé se planquer sur sa couchette à 2m du sol et Gérard qui qui a sorti sa cuillère "Gulf Air"... Après expédition des restes par la fenêtre (n'y voyez rien de choquant, c'est la seule poubelle du train), notre voisin muet vire tout le monde de sa couchette sans un mot d'excuse. Les resquilleurs s'en foutent, ils descendent à la gare suivante. Malgré une journée passée assis, le sommeil vient très vite.

Dans le train pour Bangalore
En quittant Mumbai
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Bangalore de restaurants en orphelinats

Lever dans le train à 8h. On attend Bangalore pour le petit déjeuner et on compte les gares pour passer le temps. A la gare de Bangalore, notre guide nous trouve très vite et nous accueille d'un "Bienvenue à Bangalore", en français dans le texte ! Il s'appelle Surinder, il est Sikh et fait des études de français. Nous voilà décorés avec de beaux colliers d'œillets (d'Inde, bien entendu !).
On rejoint l'hôtel en auto-rickshaw, un de ces nombreux taxis à trois roues dont le moteur 2 temps très polluant lui a vallu l'interdiction dans certaines grandes villes. L'hôtel nous semble bien luxueux comparé au miteux Sahara Hostel de Mumbai ! Petit-dèj' au restau, déjà plus classique : thé (avec beaucoup de lait) et pain de mie beurré ! On passe la matinée à dormir.
A midi, on teste au restaurant le "South Indian Menu", appelé aussi Thali, on apprendra très vite que c'est LE plat de tous les jours, et qu'on a pas fini d'en manger ! L'après-midi on rate de peu notre correspondante locale (Benjamine, une française mariée à un indien), RDV pris le lendemain matin. Retour à l'hôtel à pied, dans un "smog" à peine croyable. Une petite pensée pour nos amis qui viennent d'arriver à Mumbai et qui ont dû pleurer en voyant leur hôtel !
Le soir on va à pieds tester un autre restaurant, et c'est toujours aussi bon ! On discute beaucoup avec notre guide, qui parle vraiment bien français. Ça ne va pas me faire progresser en anglais ! Retour sous la pluie.

Jeudi 6 août
Nous avons les nouvelles du jour glissées sous la porte de chaque chambre. Christina et moi avons du mal à nous sortir du lit... Petit déjeuner classique, on a enfin compris comment éviter de se faire noyer le thé dans du lait : commander un "black tea", tout simplement ! Petite promenade digestive dans le marché aux fruits.
10h : taxi pour le restaurant de Benjamine. Elle nous explique sa collaboration avec les AEM (les Amis des Enfants du Monde, notre association d'adoption) sur différents sites. Elle voudrait nous faire modifier notre itinéraire pour que l'on visite les projets de communautés éloignées des villes. Elle nous convainc aussi d'aller une journée voir une communauté italienne à 100km de Bangalore. A midi, elle nous laisse pour un RDV : elle doit ouvrir un quatrième restaurant, car 2000Rps (300frs de l'époque, 40€ d'aujourd'hui) ne lui suffisent pas pour vivre !
Repas dans son restaurant européen. Aux hamburgers, que les indiens mangent avec délice, on préfère pizza et pâtes. Le repas nous revient à 100Rps, le double de d'habitude ! Retour à l'hôtel par un chemin plus direct et moins pollué, à travers un immense parc tranquille. La mousson nous oblige à finir en auto-rickshaw.
A 17h, direction le Collège RTC, où se trouve l'orphelinat où a été Christina. Le collège accueille 6000 élèves ! Christina retrouve avec une certaine émotion son ancien univers, à la différence que maintenant les enfants ont des tables et des lits. Les enfants, qui attendent d'être adoptés en France et en Italie, sont ravis d'avoir de la visite.
Notre filleule, Catherine, nous rejoint, elle est timide et ne comprend pas le sens de notre visite... J'imagine que les fonds réunis par l'association profitent à tout le collège, le principe du parrainage est peut-être plus un moyen d'émouvoir les donateurs ? Nous visitons ensuite un des internats (il y en a deux). Nous avons droit à des chants et danses traditionnelles. Retour à l'hôtel à 21h.
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Vendredi 7 août
Nos amis, partis 2 jours après nous, arrivent enfin à Bangalore, "couronnés" d'œillets d'Inde par Surinder. Pendant qu'ils s'installent nous repartons chez Benjamine, avec qui nous retournons au Collège RTC. Rencontre avec Clara, une assistante sociale qui s'occupe des adoptions depuis plusieurs années. Elle a retrouvé quelques renseignements sur Christina, mais nous dit qu'il y en a plus dans de vieux registres que les parents ne peuvent pas consulter. Au moment de partir, Christina s'est sentie malade. L'émotion ou une turista ?
Après-midi à l'hôtel, puis partons prendre l'apéro chez Benjamine. Petit appartement dans un immeuble luxueux (pour Bangalore, du moins) et gardé (ici le moindre petit hôtel ou immeuble l'est). Rencontre de son mari indien et leurs deux enfants.

Banian dans un parc de Bangalore
Sous un banian, Bangalore
Visite de l'orphelinat
Sourires
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Little Italy !

Toute la troupe, sauf Christina, encore malade et Jo qui la garde, s'embarque vers 9h dans un bus de location, direction Marikuppam (aussi appelé Kolar Gold Fields) à 150km de Bangalore (3h de route). On va rendre visite au Père Anamaladass, qui fait partie d'une congrégation italienne, et qui gère un collège (St Paul's Boys Home) avec un internat de 60 garçons orphelins (il y a au total 300 garçons au collège).
Accueil royal par les deux prêtres que Benjamine avait contactés et repas pantagruélique (contrairement à ce qui avait été annoncé !) : spaghetti à volonté en entrée (importés d'Italie, tout comme le parmesan !), puis assortiment de légumes cuits à l'eau, poulet et fruits, toujours à volonté.
Visite de l'église. Le cinquantenaire a eu lieu en juin, du coup on a droit à l'album photos. Ensuite, visite complète des locaux de l'orphelinat (ateliers de taille de pierres, bois, horticulture, couture). Dortoirs très rudimentaires : une partie des enfants couchent en sous-sol. Pas de draps. Les plus petits couchent sur des nattes (pas de lits). Mais l'ensemble est propre et bien tenu, les enfants sont joyeux et semblent épanouis.
La visite se termine par un spectacle de danse à notre intention : danses d'Inde du Sud et... danse des canards ! Du coup, on leur chante "Le petit âne gris" pour rendre la politesse. Nous remettons 5000Rps (100€, mais aussi 100 repas au restau !) aux Pères pour les enfants.
NB : Le collège est situé sur d'anciennes mines d'or (d'où le nom de Kolar Gold Fields) encore en partie exploitées. L'exploitation est très exposée : il y a environ 1 séisme par mois, souvent faible mais parfois plus violent. La région est particulièrement pauvre, pourtant, la route qui vient de Bangalore est magnifique : jolis villages pittoresques et animés, cultures de tomates... Cette route est aussi jalonnée de collines de blocs de pierres (granite ?). Ce sera notre première journée vraiment ensoleillée.
Retour à Bangalore à 18h. Christina semble tout à fait guérie : elle a emmené son père faire des emplettes (pantalon, robe et sari). Diner de fruits dans les chambres, puis film pour les jeunes (Braveheart, en VO... on a pas compris grand chose...).
Bonne nouvelle : notre chauffeur vient d'arriver avec son bus ! On va enfin bouger de Bangalore !

Colline caillouteuse, Karnataka
Cour de récré (Marikupam, Inde)
Photo de classe (St Paul's Boys Home, Marikuppam, Inde)
Danse d'Inde du sud
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Mysore ou les Mille et une nuits

Départ de Bangalore à 9h avec notre minibus. Déjeuner dans un restau très classe (poulet tandoori entre autres...).
Sur la route, visite d'un exploitation artisanale de canne à sucre. Nous assistons au recueil du jus, qui est cuit dans trois grandes cuves successives, puis prélèvement d'une pâte qui sera ensuite amenée dans une raffinerie.
Visite du palais d'été de Tippu Sultan (qui a lutté avec l'aide de la France contre les anglais), le Darya Daulat Mahal. Jardins à l'orientale, peintures murales décrivant des scènes de batailles. Ensuite, visite du mausolée de Haidar Ali, le Gumbad. Scènes de purification dans un temple hindou, visite d'une mosquée, puis arrivée à Mysore à 19h.
La chance nous sourit ! Le palais du Maharajah est entièrement illuminé tous les dimanches soirs de 19h à 20h ! Vision saisissante... c'est vraiment les mille et une nuits ! Il y a environ 90.000 ampoules (calcul du paternel, considérant que chaque ampoule titre 15W : 1,4 MW !). On finit à l'hôtel pour la soupe.
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Lundi 10 août
Visite de Mysore toute la journée. Nous commençons par la visite d'une fabrique de soie. On ne verra pas les cocons qui sont dans une autre usine loin de la ville (à cause de l'odeur), mais la mise en bobine et le tissage. Immenses ateliers assourdissants, conditions de travail épouvantables. On reçoit quelques échantillons de fils d'or !
Visite du palais du Maharajah, qui habite toujours une aile. C'est plutôt moins beau que la nuit ! C'est un immense palais (appelé Amber Vilas), reconstruit après sa destruction en 1897. Cette visite donne une idée de la vie des Maharajahs et de certains colons anglais au début du siècle.
Après le repas, balade dans le marché très réputé de Devaraja. Multitude des couleurs et des senteurs. Nous ratons la rue des fleurs. Réparation de lunettes pour la modeste somme de 5Rps (0.10€ aujourd'hui). Un dealer nous repère, Fred et moi, et nous poursuit à travers tout le marché en nous proposant (sans discrétion) de la marijuana. On aurait bien voulu, mais les prisons indiennes jouissent d'une réputation peu envieuse !
Le bus nous dépose ensuite sur la colline de Chamundi, où se trouve le temple de Chamundeshavari. On échappe de peu aux prières et aux offrandes, sauf Gérard et les filles qui en ressortent avec le troisième œil au-dessus du nez ! En descendant, on s'arrête voir le colossal taureau Nandi sculpté dans un bloc de granite de 5m de haut.

Ganesh en vadrouille
Publicité en cours
Allah est grand
Panneaux de fleurs à l'entrée d'un temple de Mysore
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Ooty, un climat typiquement anglais

Départ au petit matin pour Ooty. Soleil matinal sur les rizières, camaïeu de verts, paysans aux labours, champs de coton, de céréales, de tournesols : une campagne magnifique.
Vers 11h, c'est le drame : alors que nous traversons un village, un enfant se jette sous les roues de notre minibus. Le bruit est terrifiant, chacun s'attend à trouver l'enfant mort... Attroupement immédiat de tout le village. Le chauffeur, choqué, se tient à l'écart, tandis que Surinder, notre guide, s'entretient avec les villageois (en Inde, les Sikhs sont réputés être droits et honnêtes, ça aide...). Annie et Yvette, toutes deux infirmières, rassurent la famille en se prétendant "french doctors". En fait, l'enfant est vivant, conscient et ne semble avoir que quelques éraflures.
Cependant, l'excitation est à son comble, et il est décidé d'emmener l'enfant, qui n'a que deux ans, ses parents, son grand-père et ses deux frères à l'hôpital le plus proche (7km) Tout le monde s'entasse dans le bus. Arrivée à l'hôpital, prise en charge immédiate : radios du crâne. Le médecin décide de garder l'enfant 24h en surveillance. Nous payons la radio et l'hospitalisation (700Rps au total). Nous ramenons la famille, sauf la mère, qui reste avec son enfant, au village. Tous ont vite admis que le chauffeur n'est en rien responsable et ils ne manifestent plus aucune agressivité à notre égard. Les villageois ont marqué de deux pierres l'endroit de l'accident et se font très pressant, poussant le grand-père à nous demander de l'argent, celui-ci refuse. La tension monte, les enchères aussi. Nous laisserons 460Rps.
Notre chauffeur est abattu : en cas d'accident, il n'est pas assuré par l'agence, tout est donc à sa charge. Et si l'affaire tourne mal, il risque de perdre sa place. Il nous demande de ne pas parler de l'accident à l'agence. Tout le monde est choqué (ça nous a coupé l'envie de faire des photos...), mais comme ont dit les villageois, les dieux sont avec nous, ça aurait pu être plus grave.
On continue notre route pour Ooty. Très belle route de montagne au milieu des collines couvertes de thé, jolis villages montagnards. La fraicheur se fait sentir. Arrivée à Ooty (Ootacamund) à 17 h. Nous allons nous promener dans le jardin botanique.
Ooty est une station climatique (2200m d'altitude) très réputée et surtout très british. C'est là que les colons anglais venaient se ressourcer et retrouver le climat de leur terre natale (très frais et très très humide). Nous faisons quelques achats auprès des marchands tibétains (communauté de 500 tibétains en exil).
Arrivée à l'hôtel, âpre discussion pour obtenir des chambres correctes, avec des matelas "sains" (pas moisis, quoi...). Il est difficile de savoir ce que négocie notre guide, on ne saura pas non plus le montant du budget hébergement... La droiture sikh commence à en prendre un coup... Tout le monde se fâche, et on finit par obtenir 5 chambres doubles. Il fait froid et on dort tout habillés dans des draps humides. Mais quel calme ! Ça nous change des grandes villes indiennes !

Labours et vaches maigres
Eléphant
Habitat rustique
Vers Ooty
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Les collines de thé de Munnar

Départ à 8h pour Munnar (environ 250km d'Ooty). Il fait beau et la route est splendide : collines de thé, villageois au travail, enfants partant à l'école, villages aux maisons de pierres serrées les unes contre les autres, couleurs vives.
Puis descente dans la plaine de Coimbatore, où on retrouve la chaleur et la vie grouillante des villes. Il ne nous a fallu qu'une journée à Ooty pour oublier à quel point la chaleur des plaines indiennes est éprouvante ! Déjeuner rapide dans une gargotte (sur une feuille de bananier : assiette gratuite et économie de vaisselle !), puis on repart vers d'autres montagnes.
On traverse deux parcs nationaux, ce qui fait deux barrières à franchir et le péage qui va avec. On a pu apercevoir 3 éléphants sauvages, une bande de singes gris à tête noire et un caméléon. Le chauffeur commence à paniquer dans une côte : la jauge d'essence est au plus bas, du coup il accélère (première chose à ne pas faire !). On trouve une pompe de justesse à la sortie du parc. Pendant qu'il fait le plein, on voit arriver une jeep (genre jeep willis bâchée, le truc pas très grand, quoi), et des enfants qui sortent de l'école montent dedans. On finit par en compter pas loin d'une vingtaine qui s'entassent dans cette petite voiture !
Arrivée à Munnar, l'hôtel est très humide (beaucoup de brouillard) et en travaux, mais confortable et l'accueil sympa. On nous sert des pâtes italiennes.
Curieusement, je n'ai retrouvé aucune photo de cette étape pourtant très jolie... Etions-nous à court de pelloches ?

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Cochin (Kochi)

Nous devions visiter une usine de thé ce matin, annulée car le manager est absent. Nous partons donc nous balader à travers les plantations de thé dans la brume matinale et sous une petite pluie de mousson. Eclaircie et rayon de soleil nous permettent de découvrir enfin le paysage.
Discussion avec des ouvriers de la plantation. Beaucoup ont des contrats de 6 mois (août à janvier), au moment où la récolte est la plus importante. Le salaire se situe dans les 150Rps/j. Les femmes récoltent les feuilles de thé (14 à 22kg/j), elles sont payées pour 14kg, plus 0,5Rps/kg supplémentaire. Toutes les collines sont la propriété de la grosse firme Tata (qui fabrique de tout, du sel à la voiture en passant par le téléphone et la cocotte-minute. A récemment racheté un grand constructeur auto anglais : retour de colonisation !). La société a racheté toutes les terres et semble organiser la vie des habitants autour du thé. Le moindre pouce de terrain est planté, au détriment des habitats bien entendu.
Nous filons vers le Kerala, la végétation devient tropicale et luxuriante, beaucoup de cascades et de grosses rivières, rizières, bananiers, cocotiers, palmiers, hévéa (qui produit le latex). La chaleur est à la limite du supportable. Repas dans une gargotte, arrivée à Cochin vers 16h. Les hôtels deviennent de plus en plus chics et propres !
Nous repartons immédiatement assister à un spectacle de Kathakali, ces fameux spectacles indiens de plusieurs heures qui racontent la vie du dieu Rama. Nous assistons tout d'abord au maquillage des acteurs (tous les rôles sont joués par des hommes) qui dure presque 1h, puis nous avons les explications des différentes expressions du visage, accompagné au tambour et aux cymbales. Le spectacle authentique dure plusieurs heures, parfois toute la nuit, et le développement de l'histoire est extrêmement lent. Le notre est une adaptation raccourcie et commentée (faute de quoi nous n'y comprendrions rien) pour touristes. A la fin, le directeur du théâtre nous donne une belle leçon de philosophie et spiritualité hindoue.

Vendredi 14 août
Départ à 8h pour la vieille ville de Cochin, sur une île. Nous traversons la baie à bord d'un petit canot à moteur (inquiétude d'Yvette qui trouve qu'on est un peu trop au ras de l'eau). Ballade sur le port et la plage, où se trouvent d'immenses carrelets (filets chinois), nous assistons au retour de la pêche, directement au marché aux poissons.
Visite de l'église San Francisco et de la cathédrale Santa Cruz. L'après-midi nous allons visiter la synagogue, c'est la plus vieille de l'Inde (1568) et elle n'est plus fréquentée que par une petite communauté de 50 personnes, descendants d'émigrants arrivés après la destruction du Temple de Jérusalem. Gérard nous fait un petit cours, très pédagogique, sur les religions.
Lèche-vitrine dans les petites rues des antiquaires, achats de tapis, foulards, pantalons, chemises, épices et autres huiles miraculeuses.
Retour à l'hôtel par la même coquille de noix qu'à l'aller, puis on s'offre un repas au 8° étage d'un restau très très chic (le Sealord, essayez c'est extra !) avec vue sur la mer et la ville. Dommage qu'il fasse nuit ! On s'en tire pour pas loin de 40 FF/personne (donc 7€, au lieu des 1€/repas habituels !) : ça reste moins cher qu'un menu ouvrier en France !

Spectacle du Kathakali
Kathakali : la séduction du démon
Kathakali : jeu de la séduction
Kathakali : le personnage du Prince
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Alleppey et les Backwaters : la Venise de l'Inde

Le 15 août est le jour anniversaire de l'indépendance de l'Inde (et ben voilà, les athées voyageurs ont enfin quelque chose à fêter pour l'assomption !). Presque grasse matinée : on quitte l'hôtel à 10h. Il y a des drapeaux dans toute la ville, et nous en distribue. Défilés de militaires et d'écoliers.
Nous faisons route pour Alleppey, la Venise indienne. En tout début d'après-midi nous y embarquons sur deux bateaux pour deux jours de farniente sur les Backwaters. Les Backwaters sont des canaux artificiels qui relient de nombreuses lagunes, constituant ainsi un réseau de voies navigables. Il y a de nombreux bateaux recouverts de nappes tressées, qui évoquent un peu les jonques du sud-est asiatique (si la comparaison ne plait pas, je préciserai que je ne connais pas le sud-est asiatique. J'imagine seulement !) qui transportent matériaux de construction, riz, coprah et autres. Nous circulons à travers des sortes de mangroves et des tapis de plantes aquatiques. Les canaux sont bordés de cocotiers, bananiers, rizières, hibiscus, une nature luxuriante et généreuse.
Premier repas à bord à l'ombre des cocotiers : poissons frits accompagnés de légumes très épicés, goyaves. Nos deux bateaux avancent silencieusement, poussés par deux bateliers à l'aide de grandes perches en bambou. Nouvelle halte à 16h pour un goûter ! Thé, café, bananes frites.
C'est la vraie vie de château ! Nous n'avons rien à envier aux anciens colons anglais... Nous mouillons au milieu d'un canal pour la nuit. Nuit très chaude et pluvieuse, gros orage de mousson.
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16 août
Réveil au petit matin, la pluie a cessé, les bateliers font leurs ablutions. Petit déjeuner très complet. Départ vers 9h30, puis arrêt dans un petit village le long d'un canal, les habitants nous accueillent chaleureusement. L'un d'eux nous propose des petits tours en pirogue (faites en bois de manguier) pour quelques-uns d'entre nous.
Les villageois nous expliquent l'organisation des villages du coin (celui-ci compte 1250 hab). Le CPI (Communist Party of India) est gouverne actuellement (en 1998) l'Etat du Kerala, c'est un des rares états communistes au monde a être élu démocratiquement (par rapport à une révolution). Le Kerala compte 29 million d'habitants, pour une densité de 1000 hab/km². 24% de chrétiens, 29% de musulmans. Taux de natalité de 1,8%. La conscience politique y est très élevée.
La circulation est intense sur les canaux tout au long de la journée. Ici, l'eau sert à tout : transport, cuisine, vaisselle, lessive, douche, égouts (et oui...). C'est après avoir réalisé ce dernier point (et épié notre cuistôt) que nous commençons discrètement à essuyer nos assiettes avant chaque repas...
Lecture, tarot, belote, cartes postales, méditation, bronzage... Deux jours de repos, devenant indispensables pour la plupart et appréciés par tous, dans un cadre enchanteur. Y'a pas à dire, la vie est un long fleuve tranquille ! Et en plus, nous avons un cuisinier excellent, il nous prépare chaque fois de bons petits plats de curry de légumes, noix de coco et surtout poissons frais achetés sur place.

17 avril
Dernier petit déjeuner sur le bateau. Fin de la croisière à 10h30. Notre bus nous rejoint et nous retournons à Allepey. Notre guide essaye sans succès de retirer de l'argent, pendant que nous profitons de l'océan tout proche. Cet après-midi nous partons pour le parc national du Peryiar.

Famille dans les Backwaters, Kerala
Bateaux sur les Backwaters du Kerala
Joie de vivre
Mère et sa fille, Kerala
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Les sangsues de Periyar

Trajet long et tortueux à travers la montagne sous une pluie battante, la route est ruisselante. A 18h nous nous arrêtons pour visiter une usine de thé : 600 personnes travaillent dans les plantations, qui appartiennent toutes à la même firme, et 15 ouvriers font fonctionner l'usine : séchage, hachage, triages des différentes qualités de thés. Usine très délabrée, machines antiques, conditions de travail difficiles.
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18 août
Lever tôt pour une promenade en forêt. Surinder nous a trouvé un guide qui nous fera découvrir un petit bout de jungle. Nous cheminons en compagnie de (nombreuses) sangsues très attachantes, d'Anglais peu stoïques voire hystériques (les sangsues ?), mais nous apercevons toutefois quelques oiseaux et une petite plante insectivore. Sur la route du retour à l'hôtel, on prend deux allemands en stop, dont un qui a le bras en sang. Décidément, ces sangsues nous poursuivent !
L'après-midi nous voit visiter des plantations d'épices, où poussent cardamome, curcuma, basilic, vanille, cannelle, café et poivre (saviez-vous que c'est un parasite ?).
Surinder s'améliore : il nous a trouvé un bateau pour nous tous seuls ! Il nous emmène sur le lac à la recherche du tigre. Beaucoup de cormorans sur des arbres morts dépassant des eaux, et d'autres oiseaux. Puis quelqu'un aperçoit un troupeau d'éléphants (sauvages). Le bateau s'en rapproche, il y a petit au milieu. Plus loin, ce sont des cerfs, puis trois énormes buffles, un troupeau de phacochères, mais pas de tigre.
Sur le chemin de l'hôtel, halte au Spice Center (cité par le Routard). Le patron est très sympa et parle un peu français, il nous invite à déguster "indian coffee" et "masala tea", délicieux (masala signifie "mélange d'épices).

Récolte des noix de coco
Troupeau d'éléphants sauvages à Periyar
Troupeau de phacochères
Cormorans sur le Periyar
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Carte du voyage
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