Histoire Népalaise
L'histoire du Népal est centrée sur la vallée de Katmandou. Les frontières du pays, comme tant d'autres, ont beaucoup fluctué au cours des siècles, s'élargissant pour englober de vastes portions de l'Inde ou se rétrécissant à la seule vallée de Katmandou. Malgré des origines assez anciennes, le Népal en tant qu'État n'apparait pas avant le XVIIIème siècle.
La situation géographique du pays lui a permis de profiter des échanges commerciaux entre le plateau tibétain et les plaines indiennes, servant d'étape aux voyageurs, marchands et pèlerins. C'est cette situation de carrefour du sous-continent indien qui a forgé son identité, mais aussi ses différences culturelles.
Les Kirati
Aux alentours du VIIIème siècle avant JC, une population mongoloïde venue de l'est, les Kirati, marque le début de l'histoire attestée du Népal. Leur roi Yalambar fut le premier souverain connu de la vallée de Katmandou, il apparaît d'ailleurs dans l'épopée hindoue du Mahabharata.
Puis au VIème siècle avant JC, le pays va voir naitre une nouvelle religion qui va profondément marquer l'Asie : le bouddhisme. En effet, c'est à Kapilavistu, près de Lumbini, que naît le prince Siddharta Gautama, qui parvient à l'Éveil et à l'état de Bouddha après de longues années de réflexion et de méditation. Le bouddhisme se développe sous la dynastie des Kirati.
Vers le II siècle avant JC, le grand empereur indien bouddhiste Ashoka (272-236 avant JC) visita Lumbini et la vallée de Katmandou où il fit édifier des monuments. Le bouddhisme finit toutefois par perdre du terrain au profit de l'hindouisme. Des pèlerins bouddhistes chinois trouvèrent le site de Lumbini en ruine au Vème siècle.
Licchavi et Thakuri
Vers l'an 300, les Licchavi arrivés du nord de l'Inde renversent les Kirati qui s'installent dans l'est du pays. C'est le début d'un âge d'or culturel, de nombreux monuments de l'époque subsistent. Les stupas originaux de Bodhnath et Swayambhunath dateraient de cette époque.
Amsuvarman, premier roi Thakuri, succéda à son beau-père Licchavi en 602, et affirma son pouvoir en mariant sa sœur à un prince indien et sa fille à un roi tibétain. Cette dernière convertit son époux au bouddhisme, changeant à jamais la face du Tibet.
Ensuite, on ne sait que très peu de choses entre le VIIème et le XIIIème siècle. La cité de Kantipur, l'actuelle Katmandou, aurait été fondée au Xème siècle. L'actuel calendrier Newar daterait du IXème siècle.
Le règne des Malla
Les Malla, peuple chassé d'Inde, prirent le pouvoir au début du XIIIème siècle. Cette dynastie dura plus de 500 ans, ce fut l'âge d'or du Népal, bien que les premiers souverains durent faire face à de nombreux désastres, au nombre desquels un terrible séisme (en 1255) et une invasion musulmane.
Malgré cela le royaume Malla se distingua à ses débuts par sa stabilité et unifia la vallée de Kathmandu au XIVème siècle. Au XVème siècle, le roi Yaksha Malla étendit ses frontières jusqu'au Gange, au Tibet, à la Kali Gandaki et au Sikkim. A sa mort, le royaume fut partagé entre ses trois fils, avec pour capitale Bhaktapur (Badgaon), Katmandou (Kantipur) et Patan (Lalitpur). Cela, sans compter la cinquantaine de royaumes qui émaillaient alors le territoire actuel du Népal.
La rivalité entre ces trois grands royaumes de la vallée stimula particulièrement les arts et la culture. L'architecture de leurs capitales, ainsi que de nombreux monuments, en témoignent encore aujourd'hui. Cette compétition était financée par le commerce de toutes sortes de marchandises transitant entre l'Inde et le Tibet. En effet, les marchands traversaient la plaine du Teraï en hiver pour éviter le paludisme, puis patientaient à Katmandou jusqu'en été que les hauts cols himalayens soient praticables. Au XVIIème siècle, le Népal obtint même de battre la monnaie tibétaine !
La religion doit aussi beaucoup à cette période Malla, avec l'apparition de fêtes spectaculaires. Pour mieux assoir leur pouvoir, les monarques se prétendirent être des réincarnations de Vishnu, et instituèrent le culte de la Kumari, la déesse vivante.
L'unification du Népal, sous la dynastie des Shah
Entre Katmandou et Pokhara se trouvait le royaume de Gorkha, et c'est à partir de là qu'en 1768 son roi Prithvi Narayan Shah conquit le pays et installa sa capitale à Katmandou. Son expansion ne fut arrêtée qu'à la frontière du Pendjab, et une cuisante défaite face aux chinois valut au Népal de renoncer à toute attaque contre le Tibet, ainsi qu'un tribut à l'empereur de Chine dont le paiement ne cessa qu'en 1912.
Cette expansion népalaise déplut aux britanniques, ce qui aboutit à la première guerre anglo-népalaise. Le traité de Sugauli fixa définitivement les frontières népalaises en 1816. Impressionnés par le courage et la pugnacités de leurs adversaires, les britanniques engagèrent des mercenaires Gurkha dans leur armée, on les retrouva alors dans tous les conflits concernant l'armée britannique. Cependant, le Népal se ferma à tout contact extérieur jusqu'en 1951, interdisant l'accès à tout étranger (quelques exceptions cependant, parmi lesquels Alexandra David-Neel en 1912, soit quelques années avant sa rocambolesque aventure tibétaine).
On pourra noter durant cette période une certaine décadence du régime : le royaume fut entre autres dirigé par une régente de 12 ans représentant un roi de 9 ans...
Les Rana
Une longue série de luttes de succession entacha la mort de Prithvi Narayan Shah en 1775 et se conclut par le massacre de plusieurs centaines de personnages éminents du royaume dans la cour de Kot en 1846. Cela profita à un jeune noble, Jung Bahadur, qui se retrouva au pouvoir aux côtés des Shah en prenant le titre de premier ministre. Il prit le nom de Rana et s'attribua le titre de Maharadja qu'il rendit héréditaire. Les Rana détenaient alors le vrai pouvoir, les Shah se cantonnant à un rôle honorifique.
Le règne des Rana ne fut pas qu'ambition et recherche de pouvoir : ils abolirent le sati (rite hindou où l'on immolait les veuves vivantes sur le bûcher funéraire de leur époux) en 1920, libérèrent 60000 serfs, construisirent un lycée et une université à Katmandou et le premier hôpital du pays ouvrit ses portes en 1889. Malgré tout, le pays continuait de vivre en plein moyen-âge. L'indépendance du Népal est enfin reconnue par l'Angleterre en 1923, et le Royaume de Gorkha devient Royaume du Népal en 1930.
Le commerce caravanier, qui avait fait la richesse du Népal, vit sa fin arriver avec le chemin de fer à la frontière indienne, l'ouverture d'une route marchande avec le Tibet plus directe par le Sikkim, et enfin la fermeture de la frontière tibétaine en 1966, suite à l'annexion chinoise.
A cette occasion, le Népal devint une zone tampon entre deux géants : la jeune République indienne et la non moins jeune République Populaire de Chine. Les réfugiés tibétains affluèrent dans le pays.
Le retour des Shah
Le roi Tribhuvan profita en 1950 d'une partie de chasse pour se réfugier dans l'ambassade indienne puis en Inde. Le parti du Congrès népalais réussit à s'emparer d'une grande partie du Teraï pour constituer un gouvernement provisoire à Birganj, près de la frontière indienne. Cela provoqua de l'agitation à travers le pays, et l'Inde intervint pour négocier un compromis. En 1951, le roi revient au Népal pour reprendre aux Rana la direction des affaires, et forme un gouvernement comprenant à la fois des membres du parti du Congrès et des Rana.
Le Népal commença enfin à rouvrir ses frontières, mais le rêve démocratique était encore loin. Le roi Tribhuvan mourut en 1955, son fils Mahendra prit sa succession. Les premières élections législatives eurent lieu en 1959, que remporta le parti du Congrès. Mais en 1960 le roi supprima le conseil des ministres, estimant l'action du gouvernement pas assez conforme à ses vœux. Il en profita pour interdire aussi les partis politiques et reprendre concrètement le pouvoir. En 1962, Mahendra instaura un système de gouvernement indirect sans partis fondé sur les Panchayat (conseils). Le véritable pouvoir restait entre les mains du roi, il nommait lui-même le premier ministre et son cabinet.
A la mort de Mahendra en 1972, le pouvoir échut à son fils Birendra, éduqué en Grande-Bretagne. De violentes émeutes éclatèrent en 1979 du fait du mécontentement populaire, ce qui poussa le roi à proposer un référendum sur le type de gouvernement à adopter. Le système des Panchayat fut maintenu par ce référendum et peu de choses changèrent. De nombreux opposants connurent la prison et la torture, la censure étant très sévère.
A contrario, le développement du pays s'accéléra, notamment dans les domaines de l'éducation et des réseaux routiers. La population du Népal est passée de 8,4 à 26 millions entre 1954 et 2004 ! Cela dit, la corruption resta un sport national. Durant cette période, la population a énormément connu de déplacements : plus d'un million de montagnards ont rejoint le Teraï (plus ou moins débarrassé du paludisme) en quête de terres, et plusieurs millions de népalais sont partis travailler en Inde.
Le Mouvement du Peuple
En 1989, une coalition de partis d'opposition réclama la mise en place d'une démocratie multipartite dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Ce mouvement fut nommé Jana Andolan (Mouvement du Peuple). En février 1990 une manifestation non-violente de 200 000 personnes fut accueillie par le gouvernement par des tirs à balles réelles, des gaz lacrymogènes et des milliers d'arrestations. Le gouvernement finit par céder après des mois d'émeutes, de grèves générales, de pressions étrangères et quelques 300 morts. Le 9 avril, Birendra annonça l'autorisation des partis politiques, le 16 il demanda à l'opposition de former un gouvernement provisoire et accepta l'idée de la monarchie constitutionnelle. Ce fut l'entrée du Népal dans la démocratie. Le Népal, encadré par l'Inde, qui le tient sous sa dépendance économique, et la Chine, dispose d'une étroite marge de manœuvre.
En 1991 20 partis se présentèrent pour l'élection du parlement. Le Parti du Congrès Népalais remporta avec 38% des voix, suivit de près par le Parti Communiste du Népal Union marxiste-léniniste (CPN-UML). Cependant, la situation politique demeura difficile et en 1992 un grêve générale dégénéra, causant plusieurs morts. En 1994, de nouvelles élections ne virent aucun parti gagner, et une coalition réunit le CPN-UML et le Parti du Rastriya Prajatantra (anciens panchayat) pour former un gouvernement, soutenu par le Congrès Népalais. La situation resta très instable.
La rébellion maoïste
En 1996, les maoïstes du CPN déclarèrent la « guerre du peuple », en réaction à la corruption et l'échec de cette démocratie. L'insurrection débuta dans les régions pauvres à l'ouest du pays, puis prit de l'ampleur avec l'attaque d'une caserne près de Katmandou.
L'idéologie de cette rébellion reste assez éloignée de celle de Mao (le mouvement est d'ailleurs désavoué par Pékin), et prône l'instauration d'une république populaire au lieu de la monarchie constitutionnelle. La répression de l'armée a contribué à grossir les rangs des maoïstes, qui comptaient 10 000 à 15 000 combattants avant la destitution du roi.
La fin de la royauté
Lors d'une réunion de famille le 1er juin 2001, le prince héritier Dipendra abattit presque tous les membres de la famille royale, dont le roi, avant de retourner son arme contre lui. Il aurait agît sous l'effet de l'alcool suite à un différent familial concernant son mariage. Mais de nombreux soupçons apparurent, car Gyanendra, le frère du roi était absent ce jour là et son fils Paras fut miraculeusement épargné. D'autres soupçonnent la CIA ou encore les services secrets indiens. Cela dit, la mort du roi endeuilla tout le pays.
La suite ne se fit pas attendre. Gyanendra monta sur le trône et la situation politique dégénéra, les gouvernements se succédant. Les maoïstes en profitèrent pour se regrouper et s'armer, la guerre civile s'intensifia. Amnesty International dénonça des actes de barbarie dans les deux camps, et cette insurrection n'arrangea en rien la situation des plus pauvres.
En 2002, le roi Gyanendra décida de dissoudre le gouvernement, puis s'octroya les pleins pouvoirs en 2005. Mais en 2006 des manifestations massives durant 3 semaines poussèrent le roi à rétablir la démocratie parlementaire. Un mois plus tard le Parlement le priva de la quasi-totalité de ses pouvoirs, signant ainsi la fin de plus de deux siècles de régime autocratique de la dynastie Shah.
En 2007, un gouvernement de transition, comprenant des représentant des principaux partis politiques népalais, dont 5 anciens maoïstes, est mis sur pied, puis approuve le 28 décembre une résolution faisant du Népal « un État fédéral, démocratique et républicain » après l'élection d'une assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Celle-ci est élue le 10 avril 2008 et voit une relative victoire maoïste. Le 21 juillet 2008 Ram Baran Yadav, membre du Congrès Népalais, est élu Président de la République.
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